On fête Clémenceau...
Ce qui a caractérisé Clémenceau, c'est quelque-chose de quasi unique pour un politique. Un courage extraordinaire. Pendant la Commune, il est entre les Communards et les Versaillais, au milieu des combats. Et il sauve bien des gens de la mort. Dont Bienvenüe, l'homme du métro. Le guerre de 70 amène les Radicaux au pouvoir. Il ne lâche sur rien. C'est un duelliste redouté. Il fait tomber les gouvernements. Puis, lorsqu'il arrive au ministère de l'intérieur, il devient "le tigre". Il se révèle homme d'ordre. Il met un frein à la criminalité galopante. Mais, surtout, il arrête les grèves. Ce qui lui vaut la haine des socialistes. Paradoxalement, alors que Jaurès est pacifiste, il encourage la révolte, lorsqu'il s'agit d'usines. En 17, Clémenceau est appelé pour reprendre en main les affaires de la nation. Il met de l'ordre dans un haut commandement pitoyable. On le voit beaucoup dans les tranchées. Pourtant il est déjà bien vieux. Et plutôt que de chercher une victoire par KO, il signe tôt un armistice. Il veut mettre un terme à la boucherie. Finalement, il est victime d'un coup bas politique, qui l'amène, dégoûté, à prendre sa retraite. Alors, il écrit un ouvrage sur les merveilles du progrès, et de la vie.
La fin d'une époque ?
S'il était libertaire, il mettait l'intérêt collectif avant tout. Et, avec lui, ce n'était pas la marge (riche ou pauvre), la minorité, qui comptait. Son idéal c'est le peuple. Homme des Lumières, il veut sa liberté. Et celle-ci est une liberté de pensée. Les chaînes dont il faut la libérer, à l'époque féodale comme aujourd'hui, ce sont celles d'une morale qui condamne l'individu avant même qu'il soit né, pour le mettre au service des pouvoirs héréditaires. Cela s'appelle pêché originel, hier, ou repentance pour cause de colonialisme, aujourd'hui. (Sachant que, à nouveau exceptionnel, il fut anticolonialiste.) Parler de Clémenceau, c'est enterrer 68.
(Biographie.)