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LE MALI APPREND LA POLITESSE A SES ENFANTS
Ce documentaire nous a été envoyé par Sophie Michaud & Virginie Sellet.
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Nous sommes à Sikoroni dans les quartiers Nord de Bamako au Mali.
Le Club Action Enfant pour Enfant se réunit dans une salle de classe pour débattre du sujet du jour : l’impolitesse.
Les enfants et l¹éducateur du club définissent ensemble l¹impolitesse: « un enfant impoli est un enfant qui fait ce qu’il veut », « il ne respecte jamais son enseignant », « il insulte les
gens», «il fume». Soudain, l’éducateur demande aux enfants : « qui est impoli ici ? Qui est l’impoli du club ? »
La discussion se transforme en une dénonciation collective inattendue et détonante.
Face à la quasi-inexistence de structures éducatives publiques dans les faubourgs de Bamako, des habitants se sont regroupés en association et ont créé des Centres d’Ecoute Communautaires qui
prennent en charge l’éducation de leurs enfants. Ces structures de proximité proposent toutes les formes d’éducation propices à l’épanouissement des jeunes du quartier : scolarisation,
alphabétisation, formation professionnelle, loisirs, éducation civique et morale. Crée en décembre 1999, le Centre d’Ecoute de Sikoroni est l’un des exemples communautaires les plus
accomplis.
Sikoroni est un quartier spontané extrêmement pauvre, un « ghetto africain » toujours croissant, conséquence de l¹exode rural massif que connaît le Mali depuis une quinzaine d’années.
Le Centre d’Ecoute Communautaire se démène pour accueillir, encadrer et éduquer les enfants du quartier, refusant le cycle infernal de la précarité.
Face au phénomène persistant de délinquance juvénile, le Centre de Sikoroni a créé un club d’éducation civique et morale pour sensibiliser les enfants aux problèmes du quartier et les
responsabiliser. Le Club Action Enfant pour Enfant propose des activités à la fois ludiques et éducatives qui amènent les enfants à s’impliquer dans la vie et le développement du quartier:
atelier-théâtre avec présentation publique de sketchs sur des sujets de société comme la scolarisation des filles, ou l’assainissement du quartier, organisation de fêtes commémoratives (Journée
de l¹Enfant Africain, Anniversaire de la Convention international des droits de l’enfant), actions humanitaires en faveur des enfants exclus, atelier-débat
Mahamane Maïga est l’un des fondateurs du Centre d’Ecoute Communautaire de Sikoroni. C¹est lui qui est chargé du Club Action Enfant pour Enfant. (CLAEF)
Il encadre des garçons et des filles entre 10 et 15 ans qu¹il connaît parfaitement pour les voir quotidiennement dans le quartier. Certains lui sont confiés par les parents ou les enseignants
qui attendent du Club un changement dans leurs mauvais comportements. D’autres viennent d’eux-mêmes, soucieux de s’investir pour la communauté. Mahamane Maïga a la mission de
mettre les jeunes du club dans le droit chemin, conscient de toutes les difficultés du milieu social dans lequel ils évoluent.
Tous les jeudis, le club se réunit pour un atelier-débat. A tour de rôle, des groupes d’enfants proposent un thème de discussion. Ils s’inspirent de leur quotidien, de l’actualité et des
problèmes qui les entourent. Les enfants mendiants, la famille, l’école, les valeurs maliennes, quel que soit le sujet, les enfants cherchent d¹abord à le définir et à comprendre les problèmes
qui peuvent y être liés. Mahamane Maïga, lui, dynamise toujours la discussion par une série de questions qui obligent les jeunes à poser un regard critique et sur la société malienne et sur
leurs propres comportements.
Traditionnellement, l’enfant est sous l’autorité de tous ses aînés et n’a généralement pas la parole. L’atelier-débat est un lieu d’échange où les jeunes peuvent discuter librement de problèmes
qui les concernent et de sujets encore tabous en famille. L’éducateur incarne l’autorité adulte traditionnelle incontestable mais il laisse aux enfants une liberté de parole comme nulle part
ailleurs dans la société malienne.
Les enfants du film ont maintenant entre 18 et 20 ans, ils poursuivent leur scolarité à l’exception de Lamine, Hamala et Hamadi. Lamine et Hamala ont un groupe de musique et jouent dans la
troupe théatrale du centre.
Hamadi fait de temps en temps quelques petits boulots mais le reste du temps, il traîne dans la rue. Il a coupé les ponts avec le centre.
Le reste des jeunes participent activement à la vie du centre en initiant et en animant eux-même des activités pour d’autres moins âgés qu’eux à la grande fierté de Mahamane Maïga.
Mahamane Maïga continue son combat pour l éducation en créant de nouveaux clubs dans des villages proches de Bamako.
” Pas d’impoli au Club ! ” de Sophie Michaud & Virginie Sellet.
Source : http://www.latelelibre.fr
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