Ken Liu : La ménagerie de papier

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La ménagerie de papier de Ken Liu   4/5 (24-10-2017)

La ménagerie de papier (424 pages) est sorti le 2 avril 2015 aux Editions Le Bélial'. Depuis le 5 octobre, il est disponible en version poche chez Folio S.F (503 pages). Traduction :  Pierre-Paul Durastanti, Vincent Foucher, Olivier Girard et Quarante-deux.

   

L’histoire (éditeur) :

« Elle plaque la feuille sur la table, face vierge exposée, et la plie. Intrigué, j’arrête de pleurer pour l’observer. Ma mère retourne le papier et le plie de nouveau, avant de le border, de le plisser, de le rouler et de le tordre jusqu’à ce qu’il disparaisse entre ses mains en coupe. Puis elle porte ce petit paquet à sa bouche et y souffle comme dans un ballon.
“Kan, dit-elle. Laohu.” Elle pose les mains sur la table, puis elle les écarte.
Un tigre se dresse là, gros comme deux poings réunis. Son pelage arbore le motif du papier, sucres d’orge rouges et sapins de Noël sur fond blanc.
J’effleure ce qu’a créé Maman. Sa queue bat et il se jette, joueur, sur mon doigt… »
Le présent recueil, élaboré au sein d’un corpus considérable, et sans équivalant en langue anglaise, consacre l’éclosion du plus brillant des talents, protéiforme et singulier — l’avènement d’un phénomène.

Mon avis :

Voilà bien longtemps, j’ai découvert ce livre. Je ne sais plus comment. Au détour ‘un billet sans doute. Et puis cette couv, que j’ai trouvée très belle et mystérieuse est restée.

Enfin, la version poche est arrivée (merci Folio !) et j’ai sauté sur l’occasion pour enfin faire connaissance avec Ken Liu, auteur maintes fois récompensé :  Prix Locus, Prix Hugo de la meilleure nouvelle courte, Prix Nebula de la meilleure nouvelle courte, Prix World Fantasy de la meilleure nouvelle, Prix Sidewise et lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire 2016 pour La Ménagerie de papier. Et pour ce qui est de l’imaginaire, Ken Lu n’en manque pas !

Toutes ces nouvelles sont axées Science-fiction évidement. Et même sans être férue du genre, on se laisse très vite prendre au jeu de ces histoires. Les textes ne sont pas très longs (pour l’essentiel) et sans en faire des pages, l’auteur plante l’univers et laisses, en seulement quelques lignes, le lecteur s’immerger dans son univers.  

La première nouvelle donne d’ailleurs tout de suite le ton, sans préambule, sans détails unitives, hop, vous vous retrouvé sur une terre habitée par les Tawnins, extraterrestres cohabitant avec les Hommes. C’est un peu déstabilisant d’entrer de cette manière dans une intrigue, mais le temps d’adaptation ne dure que quelques lignes car Ken Liu a un pouvoir d’imagination spectaculaire et de narration tout aussi fort. On est dedans tout de suite et on n’a aucun mal à capter son/ses mondes où il est question d’intelligence artificielle, de cerveau, de voyage spécial, de communication, de mémoire, de nouvelle technologie, manipulation et aussi de personnalité et d’humain. Vaste programme, hein !?

Tout ne m’a pas paru évident et je n’ai pas forcément tout aimé non plus (certaines nouvelle ne m’ont pas passionnée plus que ça), mais ça reste très subjectif et l'ensemble reste intéressant. Je salue là toutefois l'art de Ken Liu car, dans des univers clairement SF, Fantasy, dystopie et/ou fantastique, l’homme reste toujours au centre. Et même si l’empathie n’est pas présente à chaque fois, on se sent assez proche des personnages. Et ce même dans les textes les plus courts.

D'autre part, j’ai aimé y trouver une sensibilité et une densité (et même parfois un peu d’humour), auxquelles je ne m’attendais absolument pas.

La ménagerie de papier est un recueil de 19 nouvelles qui traitent de sujet variés, actuels et de manière vraiment réussie. Mention spéciale à Trajectoire et La ménagerie de papier, une nouvelle sur la famille, riche en émotion et en poésie, qu’il faut absolument découvrir.