Au milieu du village sous l'arbre de la liberté
Lisant leurs noms sur le marbre griffé des décennies
Je redoute de lire le mien propre
Mais non dis la voix de Paix c'est fini
Ça bat sous ton pull
A gauche
Ici pourtant sous mes yeux un presque homonyme
Avec sans doute femme ceinturons enfants habitudes marteaux préjugés tournevis pinces coupantes
Et obéissance à la loi et colères justifiées et chansons préférées et messes du dimanche
Habitudes rituels
Je te vois je te nomme je t'appelle
De ma voix fort banale couverte par le raclement des bennes lestées de betteraves
Laissez-moi lire je vous prie
Laissez monter de mes lèvres vivantes
La buée qui se mêle aux brumes de novembre
Chaque syllabe de vos noms évoque un être de sang
Qui vénérait la vie
Moi vivant promis
Il n'y aura pas d'oubli
Toi et toi mes amis
Et parfois miracle l'un d'eux me répond
Même prénom que moi quelle joie
Sa mère son père l'appelèrent comme on le fit de moi et le silence en est allégé
Un vrai dialogue s'installe au goudron de la place
Monument le mot le dit
C'est ce qui reste quand on va tout oublier
Cela demeure je suis là
Souvenir vivant très présent
Qui reviendra vous saluer toujours.