Nonobstant, tout le bouillonnement actif et incisif des sociétés civiles africaines et de sa diaspora, principalement établie en occident, dont la France, à propos de l’asymétrie des rapports, qui plus est avantageuse à la France, qui fonde les bases de cet empire. Nous sommes bien loin du sommet de la Baule, où François Mitterrand, du haut de son sceptre impérial, conditionnait l’aide à l’ouverture démocratique, pardon à la mascarade électorale. Le terrorisme, comme épouvantail pour spoliation de ressources de pays nantis mais vulnérables, est passé par là. La sécurité y afférente vaut toutes les hérésies, y compris en mettant le couvercle sur les charniers, trempés du sang des africains sur des mains françaises, de Kidal à Lomé, en passant par Bangui.
Les charniers, trempés du sang des africains sur des mains françaises, de Kidal à Lomé, en passant par Bangui.Mieux, le décentrement de l’épicentre du monde au détriment du mondialisme dollarisé, avec ses adjuvants notamment européocentristes, au profit de la Russie, de la Chine et des nouveaux pays émergents des Amériques et d’Asie, relégitime tout projet colonial, tant pis s’il reste encore des immaculés pour la restauration de l’ordre moral. Trop philanthropique pour une entreprise capitaliste de plus en plus déshumanisante et davantage arrogante. Quand la survie est en jeu, nulle morale qui tienne, seuls comptent les moyens pour sa fin propre. De l’autre côté, le complexe d’infériorité, marqué aux fers dans la psyché de l’élite africaine, rivalise avec les atermoiements chronophages, lieux de la logorrhée et de la logomachie pimpante et pompeuse, dans la prise en charge des intérêts exclusifs du peuple africains. On trouve une excuse à s’accommoder de l’infamie macronienne quand il réduit le problème de l’Afrique à un défi civilisationnel, pire il décide de la dévaluation du franc Cfa, du fait d’un rétrécissement des réserves de change de la zone Cemac, alors même que le remboursement de la dette coloniale, au fil des décennies, n’a fait que grever nos budgets. Ne s’arrêtant pas à si bon chemin, nos présidents et nos gouvernements, non contents de faire les pieds de grue, au palais de l’Élysée, assurent le service de la répression des souverainistes panafricains.Une démarche à rebours du progrès humain et de l’humanisme dont se réclame la solidarité internationale. En effet, derrière ce vocabulaire unitaire, se cache le degré zéro de la politique de la misère dont cette coopération est porteuse. La France s’autorise tout et ne concède rien en contrepartie. Avec elle c’est marche ou crève. Elle vit au dépend de l’Afrique, mais celle-ci semble tout lui devoir. Et lorsque les voix panafricaines s’élèvent, les gardes chiourmes, nègres bon teint, dressés dans la sublimation de la France et la détestation de leurs êtres propres, se dépêchent de sévir bien avant que la métropole ne s’en fait l’écho.
La France s’autorise tout et ne concède rien en contrepartie. Avec elle c’est marche ou crève.Tout ce stratagème prospère parce que matinée d’une ouverture au monde des intellectuels, artistes et agitateurs, en leur donnant une visibilité grâce aux officines médiatiques de la France. Comme quoi, le mal de l’Afrique est bien plus symptomatique d’un malaise social, éthique et culturel. Sinon comment comprendre qu’ils dénoncent la Françafrique d’un côté et, d’un autre, se hâtent d’essaimer les médias et cénacles français, leur permettant un accès à l’occident. Toutes choses qui réifient l’impertinence et l’arrogance françaises envers les africains. Pas un acte de contrition devant les crimes coloniaux, rappelons nous des massacres au Madagascar et au Cameroun, à la fin des années 1950, où encore très récemment du complot contre Gbagbo, et du meurtre de Khadafi. Malgré tout, l’Afrique francophone se démontre d’une docilité qui n’a égale que l’absence d’esprit critique, de vision prospective, à l’exclusion de toute volonté de rupture. Jamais conservatisme régressionniste n’a autant réuni de castes solidaires de deux côtés de l’atlantique et de la méditerranée. Sinon comment comprendre, au moment où la France montre des signes de vulnérabilité, aux plans économiques, politiques et militaires, engluée qu’elle est par une demande intérieure insatisfaite, germe d’une crise politique interne, et par les risques réels d’implosion de l’Europe, consécutif à la politique de la BCE, à la crise ukrainienne et ses excroissances en Europe de l'Est, sans compter les conséquences, aux dégâts incalculables, du Brexit, que les élites francophones d’Afrique manquent autant de jugeote pour entamer le dévissage de l’étau colonial français.
Plus ironique est la reconnaissance tardive de la culpabilité de la France par rapport au traitement injuste et ingrat qu’elle a réservé aux tirailleurs sénégalais. Et quand elle opère ce faux semblant relatif à la reconnaissance envers ceux-ci, au moment où l’immense majorité de ces hommes n’est plus, elle le fait avec un sous entendu de générosité, soi-disant, bien plus large que ne devraient être les exigences des africains, quant au jugement de l’histoire.
La France va se sucrer, s’empiffrer, en ménageant l’élite et l’establishment francophone d’Afrique...Alors que peuvent attendre les sénégalais de ce séminaire, médiatisé en fonction grande pompe ? Disons, à la lecture des quatorze accords bilatéraux signés, que le pacte colonial dispose de beaux restes. La France va se sucrer, s’empiffrer, en ménageant l’élite et l’establishment francophone d’Afrique, quand, à l’inverse, l’immense majorité devra, elle, scruter l’horizon de son avenir avec une anxiété rédhibitoire… Alors, dans ces conditions, quel soulagement de voir la diaspora se mobiliser, surtout celle qui séjourne dans les pays anglo-saxons ou scandinaves, affranchie du complexe des français, pour porter à bout de bras le combat pour la fin définitive de la Françafrique. S’y ajoutent les immigrés anémiques au régime de l’empire françafricain, exilés économique et apatrides sociaux. Qui rongent leurs freins malgré eux et qui n’en sont pas moins impatients de voir ce système se détruire.