De quel crépuscule est la fin de carrière politique de Moustapha Niasse ?Dire qu’il a failli être président de la république ! Dire qu’une bonne frange de notre gotha politique avait réussi à nous le proposer comme la bonne jument sur laquelle il faillait miser, pour le virage périlleux de 2012. A près de soixante dix huit (78) ans, l’on se demande qu’est ce qui lui fait courir encore, pour une carrière couronnée de tous les honneurs et de toutes les distinctions ?Plusieurs fois ministres de rang régalien, deux fois premier ministre, une pléthore de mandats électifs, s’y ajoute le succès imputable à sa carrière d’homme d’affaires. Un destin, pour le moins, fortuné, mais dont l’auteur nous apparaît bien plus cupide et vorace qu’un infortuné à qui le destin aurait tout refusé. Si bien que pour des peccadilles, il accepte, en fin de carrière, d’exécuter les basses besognes, pour un Président de la République, né bien après qu’il prît sa carte de militant à l’UPS de Senghor.Une transition, nous disait-on, qui devait enterrer le Senghorisme dont notre pratique institutionnelle croupit sous le poids de son influence. Une transition, pour inaugurer une nouvelle ère, celle de la pratique démocratique de type participatif, inclusif et citoyen. Ah les assises nationales et sa charte de bonne gouvernance démocratique ! Un épisode qui renseigne, s’il en est, de la duplicité et du dédoublement de la classe politique et intellectuelle sénégalaise. Peut-on, dès lors, s’étonner que le reniement soit la marque distinctive de cette classe. Visiblement, la trajectoire militante et politique de Moustapha Niasse est bien symptomatique du mal dont notre élite dirigeante est le nom. Une fin de carrière qui ressemble, nous dit on, à ses débuts. En effet, l’on nous dit que Moustapha Niasse faisait partie des nervis qui ferraillaient avec les jeunesses du MEPAI (mouvement des étudiants du parti africain de l’indépendance) dans l’enceinte du campus universitaire de Dakar. Il se dit même qu’au pic d’une tension dans ce tiraillement qui l’opposait à la bande à Abdoulaye Bathily et Mbaye Diack, qu’il avait dégainé un flingue et tiré en l’air, en 1968. Un geste en désespoir de cause à la rescousse d’un régime autoritaire et dictatorial de l’UPS. Senghor lui en sera reconnaissant en le promouvant à différentes stations du gouvernement de l’époque.A présent que la vigueur de la force s’est vidée de son corps, que la lucidité, qui lui a, à de nombreuses occasions fait défaut, lui est davantage amputée, Niasse joue au charcutier des lois et règlements qui gouvernent l’institution dont il a la charge d’assurer la présidence. Pour le bon plaisir du prince. Quelle honteuse fin de carrière !