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Mères (nov.17)

Par Montaigne0860

Divinités prosaïques encloses dans la nuit des cuisines

Tabliers bleus ou blancs - puis à trente ans noirs

Nous avons langé les petits tendresse

Leur offrant inépuisables l'élémentaire

Angoisses apaisées au puits d'amour et source intarissable du lait de vie

Il en fallut des pas des peines des nuits

C'est fou ce que c'était prenant cette tendresse à pleins bras

Notre corps entier s'est crevé à la tâche de les faire croître

Rituels fêtes danses sérieux et surtout respect nous leur avons tout appris

Tout - respect et encore respect - ce n'était jamais assez

Eduqués à la dure

Ils ont été tirés vers le haut

Ainsi nous sommes nous fané à contrarier leurs désirs il les fallait obéissants

Puis un matin une aube d'été sans pourquoi

Nous les avons vus partir - souvenir très net du mouchoir ruisselant

On les barde de ferraille sur la tête aux bras

Ils creusent - les avions nous seulement conçus pour ça -

Tombes et tranchées

Tranchées et tombes

Les lettres étaient boueuses

Pleines d'amour pour nous lointaines et de haine envers les germains à deux pas

Fusées de détresse dans la nuit de l'Ailette

Qui éclairaient leurs bouilles épouvantées

Et dans la pluie des obus s'engloutit le respect imprimé à leurs fronts

Aujourd'hui assises dans le square pacifié les mères murmurent doucement les prénoms

Caressent les minois balancent tranquillement les petits corps qui s'envolent

C'est un chant qui se souvient de ce qui aurait pu être

La guerre n'est plus de saison

Les hommes se cherchent un nouveau rôle sur les rives de cet automne

Mais il est tard et les mères de novembre là-bas n'attendent plus de merci.


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