Tout un ciel technique. Nage sur le dos dans une langue étrangère, roulée aux abords du sommeil
consolidation simple, cycle, d'un pré salé ultramarin
Un sable instable de couleur. Une indexation
Visionneuse sans velours. Le nombre de jours passés à ça
prisme de laps automatiquement prolongés
promenade dans les bois arbitraires d'une silhouette grise, chantant
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poursuite d'un livre technique, une mire
même la pluie replonge dans la mélancolie mutique
sept étages en forme de L
où avancer dans un sentiment de pénombre
Équilibre. Libellule. Niveau
Livre au sens d'un poids. Ou déplié du paysage qu'il contient
écris-moi, avec une vitesse excessive, de démonter cette fable
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Possibilité de récurrences, impossibilité d'arrêt. Brique augmentée d'une pierre. Sommeil pris entre deux lances
écartée de la main, reprise dans un verre, une nuit éteinte sous un masque
Une façon de documenter le réel et de s'en éloigner en même temps. Qu'il s'agit juste d'arrêter et de reprendre
Ce que je vis avec lui, ce que je ne vis pas avec lui. Est-ce qu'il s'agit d'une détérioration ? La nuit, elle la passe là
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écrites dans le noir, des phrases que je ne peux pas relire
Que la rumeur soit au moins musicale. Chant et contre-chant des oiseaux. Copie d'une copie d'une copie
Un espace défini, un paysage décrit comme lieu de pensée et d'écriture, de projection. Paysage d'art minimal. Tablettes polychromes. Ou une maison d'une ligne
Ce sont des cailloux pour essayer de s'y retrouver après la mort. Un dessin, doublé d'une pensée
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Un dessin d'une ligne, bras et mains écartés, flottés. Exécution sur place
dans l'ensemble les faits ne sont pas compréhensibles, seulement retraçables
Fraîcheur de l'air la nuit et impossibilité de dormir tombées sur une grille. Dans les lieux traversés le temps du déplacement
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de simplifier sa vie, une piste
accroissement de la quantité solide par une étape sonore, à l'intersection d'un prisme et d'une phase intérieure
l'histoire technique d'une découpe en lamelles, qui va se terminer en phrases
le coude planté sur la table, il dort dans sa main
David Lespiau, équilibre libellule niveau, P.O.L., 2017, 112 p. 11€, pp. 56 à 61
sur le site de l’éditeur
Equilibre, libellule et niveau dérivent du latin libra, objet qui sert à peser – et non de liber, le livre, même si les deux mots se ressemblent. Ce livre a été écrit dans une recherche de pesées, d’équivalences, de résonnances, dans la disposition de phrases, de courts paragraphes de prose, de vers, entre plusieurs notions, perceptions, sensations : celles liées à l’objet de papier en train de s’élaborer, au paysage ou contexte présent autour de l’écriture, et enfin à un état mental mouvant parallèle à l’attention ; les trois explorés, étudiés, vécus simultanément, dans la progression matérielle du livre comme dans l’aventure de pensée qu’il retrace. Avancée – ligne à ligne, mais aussi grâce à cette sorte de balance ou de balancier constitué par le livre ouvert en double page – où livre, monde et pensée se confondent, se répondent, fragment par fragment, à travers des strates de temps et d’espaces, d’énoncés et de récits.
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