Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Sonatine pour l’envoi de ce roman noir néo-zélandais! Ce fut l’occasion de découvrir Paul Cleave dont j’avais beaucoup entendu parler et de passer un très bon moment en sa compagnie lors de la rencontre qui fut organisée à la suite de la lecture.
Le livre : « Ne fais confiance à personne »
Crédit photo : Samsha Tavernier
L’auteur : Paul Cleave est un auteur néo-zélandais. Avant de se consacrer à l’écriture (sa passion d’enfance), il a travaillé comme prêteur sur gages pendant sept ans ce qui lui a permis d’en voir des vertes et des pas mûres. Son premier roman « un employé modèle » a connu un succès international retentissant, se classant dès sa parution en tête des meilleures ventes en Allemagne, au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Depuis, Paul Cleave a écrit sept autres romans. Pour le suivre c’est ici!
Le résumé : « Les auteurs de thrillers ne sont pas des personnes très fréquentables. Ils jouent du plaisir que nous avons à lire d’abominables histoires, de notre appétit pour des énigmes qui le plus souvent baignent dans le sang. Ce jeu dangereux peut parfois prendre des proportions inquiétantes et favoriser un passage à l’acte aux conséquences funestes. Eux les premiers, qui pensent connaître toutes les ficelles du crime parfait, ne sont pas à l’abri de faire de leurs fictions une réalité. Prenez par exemple Jerry Grey, ce célèbre romancier, qui ne sait plus très bien aujourd’hui où il en est. À force d’inventer des meurtres plus ingénieux les uns que les autres, n’aurait-il pas fini par succomber à la tentation ? Dans cette institution où on le traite pour un alzheimer précoce, Jerry réalise que la trame de son existence comporte quelques inquiétants trous noirs. Est-ce dans ses moments de lucidité ou dans ses moments de démence qu’il est persuadé d’avoir commis des crimes ? Quand la police commence à soupçonner les histoires de Jerry d’être inspirées de faits réels, l’étau commence à se resserrer. Mais, comme à son habitude, la vérité se révèlera bien différente et bien plus effroyable que ce que tous ont pu imaginer! »
Mon avis : J’ai tout de suite été intriguée par la trame de l’histoire : un écrivain de thriller à succès subitement atteint d’un Alzheimer précoce qui lui fait perdre tout discernement entre fiction et réalité et qui se retrouve à vivre ses propres intrigues policières. Le thème est original. J’étais donc curieuse de savoir comment Paul Cleave allait nous accrocher avec cela.
Le roman alterne un chapitre sur deux entre narration et sorte de journal tenu par le protagoniste Jerry Grey appelé « carnet de la folie ». Cela permet de prendre conscience d’une part des faits et de l’autre de l’agitation mentale de Jerry.
Je dois avouer qu’au début j’ai eu des difficultés à rentrer dans l’histoire. L’alternance des styles de narration me perturbait et j’ai eu du mal avec les chapitres du « carnet de la folie » rédigés de façon trop familière pour moi et ne correspondant pas à l’idée que je me fais d’un écrivain.
Néanmoins, je me suis finalement laissée prendre par l’intrigue, le suspense autour de ces meurtres mystérieux et surtout par l’évolution de la maladie chez Jerry et ses effets dévastateurs : angoisse, paranoïa, désorientation spatio-temporelle, répercussions sur le cercle familial.
On finit par ne plus très bien savoir nous-même ce qui est vrai ou non et on se demande qui est réellement Jerry Grey. Un imposteur? Un faux malade? Un meurtrier? Ou tout simplement une personne à côté de ses baskets frappée par une terrible maladie?
A compter de la moitié du roman le rythme est effréné et on craint de plus en plus cette curieuse maladie qui s’attaque à nos souvenirs et à notre identité jusqu’à provoquer une sorte de dédoublement de la personnalité.
Les situations sont souvent cocasses (parfois un peu trop ce qui décrédibilise certaines scènes) et contrastent avec le drame qui se déroule sous nos yeux.
On est bien tenus en haleine jusqu’à la fin, laquelle est également prenante!
En bref : Malgré un démarrage un peu difficile, j’ai passé un moment de lecture agréable et j’ai apprécié l’originalité de l’histoire.
Rencontrer Paul Cleave fut une très belle expérience. Je le remercie pour sa gentillesse et son humour!
Pourquoi avoir choisi le thème d’Alzheimer?
Paul Cleave confie avoir choisi ce thème pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que son père a récemment fêté ses 80 ans et qu’il a tendance à oublier certains détails, il est plus difficile de communiquer avec lui et cela lui a fait penser à cette maladie. Son choix s’explique également par une expérience qu’il a vécut lorsqu’il aidait une amie de sa mère qui tient une librairie : un de ses clients était atteint d’Alzheimer mais ne souhaitait pas relire des livres qu’il avait déjà lu. La libraire devait donc dresser une liste détaillée de ses lectures et de ses goûts. Paul Cleave s’est alors demandé ce qu’il ressentirait si lui aussi était atteint de cette maladie et lisait ses propres romans pour la première fois. Tout cela lui a donné envie d’écrire sur ce thème.
Est-ce qu’il a été facile d’écrire sur cette maladie, qui est malgré tout un thème assez lourd?
Il existe tant d’histoires tragi-comiques sur la maladie et c’est ce contraste qui était intéressant. Paul Cleave est parti d’une conception très basique de la maladie (il s’agit de gens oubliant des choses), puis a fait quelques recherches et a découvert toutes les autres implications : paranoïa, frustration extrême, peur, agressivité, création de faux souvenirs. A partir de là, il avait suffisamment d’informations pour créer une bonne intrigue. Paul Cleave n’a mis que deux semaines à écrire la moitié de ce roman, car il trouvait le sujet très excitant et l’alternance entre les styles de narration lui a permis de ne pas s’ennuyer.
Est-ce qu’en commençant la rédaction de ce livre, vous saviez comment cela allait se finir?
Paul Cleave avoue qu’il n’en avait pas la moindre idée. Il se laisse toutes les possibilités jusqu’à avoir terminé son premier jet. A dire vrai, il ne commence jamais un livre en sachant ne serait ce que l’identité du coupable ! Il décide tout simplement, à un moment donné, d’en choisir un et alors il retravaille son histoire depuis le début. Sa visibilité ne va jamais au delà d’un ou deux chapitres.
Il y a pas mal d’humour dans le livre, est-ce que c’est une marque de fabrique?
Paul Cleave acquiesce. Il s’agit bien d’une marque de fabrique. Il adore rire de tout et trouve que ces petites touches d’humour lui permettent de se distinguer des autres auteurs de romans noirs. Il s’amuse beaucoup en écrivant ses livres et est ravi que les lecteurs le perçoivent.
Est-ce que vous pourriez écrire d’autres styles que le roman noir?
Paul Cleave adore les histoires d’horreur, mais n’est pas très à l’aise dans ce style. Il espère ceci dit s’y mettre un jour. Son prochain roman sera, néanmoins, un peu différent de ses précédents car plus fantastique. Brièvement, il s’agit d’un jeune garçon aveugle dont le père est un policier sur les traces d’un Serial Killer. Malheureusement, le père de ce garçon va perdre la vie et son fils va recevoir une greffe de ses yeux. A partir de ce moment, il va se mettre à voir la vie à travers les yeux d’un policier. Si le style d’écriture change un peu, l’action se déroulera toujours à Christchurch en Nouvelle-Zélande. C’est un point d’ancrage que l’on retrouve dans tous les romans de Paul Cleave (même s’il transforme la ville en une sorte de Gotham City qu’elle n’est pas en réalité).
Prometteur!
Vous trouverez un autre compte-rendu de la rencontre ici si vous voulez tout savoir…
Qu’est-ce que vous en pensez? J’espère vous avoir donné envie de découvrir ce roman ou son auteur!