C’est vrai que les pétales se rejoignent, le soir.
Je ne voulais même pas t’embrasser,
Juste te sentir ici, près de moi,
Comme le petit enfant aime sentir sa mère.
Le poirier sauvage se mêle à la branche greffée,
Moi aussi, je suis devenu meilleur, depuis que tu m’as
greffé tes baisers.
Mon adorée,
Et je suis plus beau, aussi, comme la nuit
Est plus belle grâce à ses astres innombrables.
Tu es la chaleur : un vent printanier qui annonce la pluie,
Qui enseigne aux enfants le jeu du chat perché
Et redresse les herbes embourbées.
Il y a longtemps que l’horizon broussailleux de mon torse t’attendait,
Tantôt affamé, tantôt transi de froid,
La horde des passions donnait des coups de cornes
Maintenant, la voilà
Paissant paisiblement dans le pré
Tes mots de lys, de giroflées.
Car tu es venue, oui,
Tu devais venir, mon Adorée.
Il fait encore sombre
On ne voit même pas notre souffle,
Mais déjà sur notre fenêtre s’épanouissent des fleurs de givre.
L’aube se lève au dehors,
Et mes lèvres parlent encore la langue des baisers.
28 janv. 1924
-- Attila Jozsef
Partager cet article
Repost 0Vous aimerez aussi :
Poètes D'aujourd'hui
« Article précédent