Depuis qu’Internet a posé ses pattes sur la culture mondiale il y a maintenant un peu plus de vingt, beaucoup d’artistes anonymes voient en ce médium une visibilité extraordinaire que le show business des années précédentes ne permettait pas. Plus besoin de passer à la radio ou à la télé, voire même de vendre des millions de disques pour acquérir une notoriété flambante. Pour le meilleur, comme pour le pire.
C’est ainsi que l’on voit des artistes s’appelant ou se faisant appeler Michel… faire les beaux jours des comptes Youtube et des pages de l’Internet français les plus obscurs. Etant donné que Michel est un prénom de moins en moins donné depuis les années 1980 en France – trop de Michel tua le Michel ? –, ces artistes, encore persuadés que s’appeler Michel leur donnera autant de gloire et d’argent que pour Sardou ou Polnareff, se sont lancés bille en tête.
Il faut se le dire : les Michel qui pullulent en 2017 sur les Internets français ne sont pas de toute première fraîcheur. Leur style musical et graphique prouve en effet que leur horloge spatio-temporelle a dû s’arrêter vers 1978. C’est pour cette raison que je m’interroge sur la part de second degré dans cette démarche : ont-il décidé d’être ringards naturellement ou ont-ils remarqué que, puisque la mode tourne tous les vingt ans, il était préférable de ressortir les vieux dossiers pour avoir la hype ? Petite dissertation en trois cas pratiques.
Michel Forever
Pédigrée : né en 1961 et acteur dès l’âge de 12 ans, Michel Forever est aujourd’hui imitateur officiel de Claude François, cabaretier, comique et ne s’est pas couché depuis 2004 (pour cause de maladie invalidante : s’il se couche, il tombe dans le coma).
Style : entre Claude François pour les habits de lumière et les chorégraphies, et Sim pour l’aspect graphique et l’humour.
1er ou 2nd degré : Je mise personnellement sur un bon 1er degré des familles. Avec de la musique qui s’est arrêté aux années 1970 et les fréquentations qui fleurent bon les années 1980 (Patrick Sébastien, Daniel Herzog, paie ta modernité), Michel Forever est persuadé que son art est, comme son nom, éternel. Et ça, c’est beau.
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Michel Farinet
Pédigrée: né en 1938, il a décidé, pour sa retraite, non pas de cotiser à l’ARCCO, mais de publier ses chansons sur Internet. C’est ainsi que débuta une carrière prolifique dès 1996. L’Histoire le retiendra comme le possible destinataire du Casse-toi, pauv’con lancé par Nicolas Sarkozy lors du salon de l’Agriculture en 2008.
Style : musicalement mollasson comme une résident de maison de retraite sans Viagra, la surprise vient de paroles très engagées en faveur de l’Europe (L’Euro notre monnaie) ou de l’exotisme (Zouk comme tu aimes).
1er ou 2nd degré : là encore, un bon 1er degré, comme beaucoup d’artistes qui le sont devenus sur le tard (Remember Normand Lamour).
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Michel Vedette
Pédigrée : Homme sans âge, Michel Vedette est présenté comme chorégraphe (il a lancé l’Automatic Body Dancing Club entre 2005 et 2009 au Baron), compositeur et dessinateur. Depuis 2011, il se lance dans la musique et c’est spécial.
Style : Comme Michel Forever, Michel Vedette s’est beaucoup intéressé au disco, mais dans une dimension plus internationale et « actuelle ». Si Comme un aigle est une reprise du Like An Eagle de Dennis Parker (1979), Le Cruiser fait davantage penser au Gangnam Style. Donc à moins que ce titre était déjà ringard en 2012 (et je le pense sincèrement)…
1er ou 2nd degré : Le choix d’un pseudonyme français (enfin j’espère que c’est un pseudonyme) dans ce cadre est la preuve irréfutable du total manque de sérieux de la démarche.
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Si vous cherchez encore un prénom S.W.A.G.G. pour votre enfant, n’hésitez plus : Michel est le prénom qui lui garantira le plus de succès dans la chanson.