On nous bassine souvent avec le modèle allemand. Je semble dire ici que je trouve ce modèle douteux. Ce n'est en fait pas vraiment le problème.
Je dis que le modèle allemand est bon pour les Allemands, mais pas nécessairement pour nous. Et je préfère parler du « système allemand », car je n'y vois aucun « modèle ».
L'Allemagne affiche un commerce extérieur excédentaire, principalement vers les autres pays d'Europe. Donc à supposer que tous les pays d'Europe fassent pareil, plus aucun pays ne sera excédentaire. C'est logique. Et le « modèle » ne fonctionnerait plus. C'est ballot. Donc pour que ce système allemand fonctionne, il faut que les autres pays aient une balance commerciale déficitaire (pour faire simple). En gros, le « modèle allemand », c'est que les 26 autres pays de l'union monétaire soient en déficit. L'idée de copier leur « modèle » serait donc de mettre l'Allemagne aussi en déficit, ou au mieux, à l'équilibre... comme avant l'euro quoi.
Je n'entrerai pas dans le détail de la situation allemande qui n'est pas enviable non plus (grande pauvreté, emplois pourris et sous-payés, pyramide des âges rendant impossible le financement des retraites à venir...). Je veux simplement montrer à quel point cette expression de « modèle allemand » ne veut rien dire.
Mais ce n'est pas vrai uniquement pour l'Allemagne, c'est aussi vrai pour le « modèle irlandais » qui s'est bien cassé la figure, le « modèle des États-Unis » qui ruine la planète (climat, biodiversité, guerres, pauvreté). Il est assez naïf de prétendre qui si ça marche chez eux (ce qui reste à prouver), c'est bon pour nous.
Ce qui est bien pour l'un ne l'est pas pour l'autre. On ne nourrit pas une vache avec des bananes.
Ne peut-on admettre que les pays ont des cultures, des envies et des besoins différents ? Les bonnes idées seraient forcément toujours compatibles entre elles ? Ces choix de société individuels doivent se traduire dans la loi de chaque pays par des processus souverains. C'est en quoi l'Europe se trompe, car elle tente de tout faire converger.
Et dire qu'on se foutait du communisme parce que c'était « tout le monde pareil ». Et bien aujourd'hui, le libéralisme, c'est « tous le monde pareil dans tous les pays ».
Même pas besoin de taper sur les riches pour dénoncer cette invention diabolique qui nie toute souveraineté.