Mise à mort du cerf sacré // De Yorgos Lanthimos. Avec Nicole Kidman, Alicia Silverstone et Colin Farrell.
Parfois, les films les plus perchés sont ceux que je préfère. Je ne sais pas trop expliquer cette fascination que j’ai pour les films tordus comme Mise à mort du cerf sacré peut l’être mais je suis même fasciné par moi-même. Cette fois-ci, Mise à mort du cerf sacré me rappelle un peu Mother! même si les films sont différents, ils ont tous les deux des connotations ésotériques. En tout cas, de mon point de vue. Le réalisateur ne m’est pas inconnu depuis Canine (2009) et plus récemment The Lobster (2016) qui m’avait bouleversé. Ici, nous avons droit à un film absurde certes mais malsain qui fait ressortir certains malheurs du monde et notamment celui du deuil (et de la difficulté de dire au revoir). Ce qui fait l’une des grandes réussites de Mise à mort du cerf sacré c’est bien entendu sa mise en scène où Yorgos Lanthimos manipule les espaces à sa façon, notamment lors des scènes se déroulant dans l’hôpital qui sont sûrement les plus fascinantes de toutes. On retrouve alors peut-être un peu de Stanley Kubrick dans ce film, qui n’est pas non plus une référence innocente pour ce réalisateur qui avait déjà utilisé un peu tout cela dans The Lobster (écrit par les frères Coen). Mais Mise à mort du cerf sacré n’est pas aussi tragicomique que son dernier film.
Steven, brillant chirurgien, est marié à Anna, ophtalmologue respectée. Ils vivent heureux avec leurs deux enfants Kim, 14 ans et Bob, 12 ans. Depuis quelques temps, Steven a pris sous son aile Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Mais ce dernier s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à conduire Steven à un impensable sacrifice.
Mise à mort du cerf sacré aime l’ironie du sort aussi et c’est un truc que l’on a déjà vu dans les films précédents du réalisateur. Ce goût qu’il a pour le mélange glaçant, tragique avec un brin d’ironique presque burlesque rend le tout passionnant du début à la fin. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde devant ce film à l’humour noir maîtrisé du début à la fin. Si le cinéma de Yorgos Lanthimos peut apparaître comme antipathique au premier abord, il est toujours aussi fascinant. On plonge dans un monde qui n’est pas réaliste pour un sou à cause de ce que le récit soutient comme propos mais le résultat est étonnant. En jouant avec certaines émotions comme le remords ou encore le châtiment (pas si divin que ça), sait comment manipuler le spectateur afin que ce dernier reste scotché. Il est alors aidé par un casting des plus solides. Nicole Kidman la première qui retrouve pour la seconde fois cette année Colin Farrell (déjà vu dans The Lobster du même réalisateur), ou encore Alicia Silvestone que je n’attendais pas forcément dans ce registre là non plus. Finalement, Mise à mort du cerf sacré est une oeuvre étrange mais fascinante du début à la fin. S’il est difficile de l’expliquer, on en reste finalement bouche bée à la fin et c’est bel et bien pourquoi ce film fonctionne finalement. Ni plus, ni moins.
Note : 9/10. En bref, fascinant et étonnant à la fois, une belle preuve de cinéma inspiré par Kubrick.