Je viens de découvrir un roman que j’avais dans ma bibliothèque et que je n’avais jamais lu : « Les fruits de l’hiver » de Bernard Clavel prix Goncourt 1968 édité cette année-là chez Robert Laffont. Beau roman qui nous raconte l’histoire d’un vieux couple dans les années de la guerre de 40 entre dénuement dû à la guerre et déchirement entre deux fils Alain et Julien né de deux mères différentes.On y voit les conditions de vie dans cet après-guerre, une maison qui n’a ni l’eau courante ni l’électricité, où l’on chauffe au bois et où la corvée de bois devient pour le vieux une véritable obsession. Et pourtant ils ne sont pas pauvres. Il a été boulanger .Il cultive son jardin et il a poules et lapins. On s’attache à la vie de ces deux vieux, à leur vie de labeur dans un petit village de France avec deux fils, très différents, l’un qui fricote avec la milice et l’autre, artiste qui penche du côté des résistants. Il y a des notations très justes sur l’évolution politique, sur l’engagement ou la volonté de ne pas s’en mêler comme le vieux et de continuer à vivre en paix tranquillement mais qui est évidement rattrapé par le conflit. Il y a ce conflit entre la mère de Julien et le vieux, partagé qu’il est entre ses deux fils et enfin il y a l’abandon dans lequel le vieux se retrouvera après la mort de sa femme, confronté à une forme d’ingratitude de son fils Paul qui a obtenu que son père lui laisse son petit patrimoine et qui n’attend pas la mort de son père pour tout chambouler. Le lecteur aura, sans doute, une préférence pour Julien, moins intéressé que son frère mais qui, pour autant, abandonne-lui aussi son père en vivant loin de lui et ne venant pas souvent le voir. Voilà un roman sur la vieillesse, la fin de vie et c’est très bien vu.