ZANgO! première "De laatste vlucht van Carlos Gardel" - Red Star Line Museum - Antwerpen, le 4 novembre 2017
Une avant-première le 2 et la première le 4 novembre pour "De laatste vlucht van Carlos Gardel", le premier spectacle monté par ZANgO!, un projet signé Jan Bervoets.
Les deux représentations, affichant sold-out, ont été hébergées dans le Red Star Line Museum, ouvert dans les hangars historiques de la compagnie maritime Red Star Line depuis 2013.
Le musée accueille jusqu'au 15 avril l'exposition "Un Peu Belge - Les racines de six Argentins", retraçant l'histoire de migrants belges, arrivés en Argentine entre 1880 à 1950, par le biais de leurs descendants.
Cette exposition colle parfaitement avec l'entreprise de Jan Bervoets évoquant en musique le vécu de Carlos Gardel, l'icône argentine qui a trouvé place sur le même podium qu' Eva Perón, Juan Manuel Fangio, Diego Maradona ou Lionel Messi.
Jan Bervoets, le survivant!
Jan, qui avait acquis notoriété et estime comme chanteur/frontman de Voice Male, avant d'être largué comme un malpropre par le groupe lorsque son état de santé ne lui avait plus permis de se produire sur scène.
Diabète, perte de vision, transplantation rénale ... le sort s'est acharné sur le chanteur/kinésiste, natif de Mortsel, ce n'est qu'en 2017 qu'il reprend du poil de la bête et décide de retâter de la scène après plus de dix ans d'abstinence.
Pour ZANgO!, Jan s'est entouré de musiciens de premier ordre: Simone van der Weerden ( Simoneo, LocosLindos, TotinConSoda, Roffa Tango Trio, Rubia-Negra) de Rotterdam au bandonéon, Jeroen Malaise, un spécialiste de la musique de chambre, au piano, celui qui apparaîtra après la pause, Jonas Coomans ( Prometheus ensemble, Brussels Philharmonic...) au basson et le futur marié, Adán Mizrahi (Antimufa) , originaire de Buenos-Aires, à la contrebasse.
20:30', les mondes de Carlos Gardel et de Jan Bervoets vont s'entrecroiser au gré de la fantaisie du citoyen du Zurenborg, le village au coeur de la ville, qui va se rapprocher, non pas de la métropole sur l'Escaut, mais de Buenos-Aires, la vibrante capitale où le tango est art de vivre.
Simone, Adán et Jeroen, qui ne connaît pas le gehucht Maleizen , où ne subsistent plus qu'une dizaine de serres produisant le fameux raisin Leopold III, connu bien au delà de nos frontières, entament la soirée par un premier tango ardent avant l'entrée en piste de Carlos Jan Gardel.
Comme il sied au latin lover, il est habillé d'un complet noir, d'une chemise du même ton, de chaussures blanches et coiffé de l'éternel fédora qu'il porte aussi élégamment que Humphrey Bogart.
En néerlandais, Jan nous chante le récit mouvementé de 'Maria de Buenos -Aires', prostituée et femme fatale dont des milliers de gauchos ou de sans le sou sont tombés amoureux.
Passion et émotion, le tango peut se résumer en deux mots et deux noms, Gardel et Piazzolla.
Il n'aura fallu que dix minutes pour quitter les brumes d'Anvers pour se retrouver du côté du Rio de la Plata.
Jan, en guide touristique, va nous proposer une description des bas-quartier de la cité tentaculaire, de ses maisons colorées, de sa population, déjà bigarrée au début du 20è siècle, et ce n'est pas un léger trou de mémoire qui va ternir son récit, où est le souffleur, ironise-t-il!
Il évoque le tango, une danse mimant la lutte, d'après lui.
Puis il raconte la triple naissance de Gardel: a -t-il vu le jour à Toulouse, en Uruguay ou ailleurs? Gardel affirme que ses racines sont l'horizon, qu'importe, pour les gens de Buenos-Aires il est "El morrocho del Abasto" qui donna ses premiers concerts dans de minables cafés de l'Abasto, zone où vivaient bon nombre d'immigrés européens.
Après avoir vidé une liqueur, on aboutit à Anvers pour faire la connaissance de Jos, un voisin de Jan Bervoets.
Jos is niet spraakzaam, il veut bien digresser à propos de la pluie ou du beau temps, il ne s'impliquera pas davantage, c'est pareil pour les autres habitants de la rue, ils te disent bonjour mais là s'arrête leur discours et pourtant ils connaissent tout de ta vie.
..er zijn zo van die dagen... murmure Jan, avant de remettre le cap vers l'Amérique latine, là-bas, il a eu comme un mirage, il a vu Gardel, qui lui a parlé, un peu comme toi tu as vu Dali à Figueras, mais tu ne l'as pas abordé!
Trêve de plaisanteries, voici l'adaptation flamande de 'Los pájaros perdidos' d' Ástor Piazzolla, le bandonéon oppressant vient t'étreindre, le tango et le drame ne font qu'un!
Comme lors la première mi-temps, les musiciens, désormais à quatre avec le basson, entament le second chapitre par un instrumental profond.
Même les fans de Grace Jones connaissent le 'Libertango' d'Astor Piazzolla, existe-t-il une chanson plus sensuelle?
Un saut dans le temps, nous sommes à Medellin en 1935, Carlos Gardel venait de donner un concert en Colombie, le manager tire une photo de groupe avant de voir l'équipe embarquer dans le Ford Trimotor qui doit les emmener vers la représentation suivante.
L'avion entre en collision avec un autre appareil, seventeen occupants were killed.. ..lit-on dans la presse de l'époque, parmi eux Carlos Gardel!
L' épitaphe est chantée, 82 ans plus tard, par le poète flamand ... hij vlucht, weg van bitter koude nachten...
Don't cry for me Argentina, nous revoilà chez nous, à Zurenborg, pour un ultime tango, sans paroles, suivi par un poème en prose consacré aux zure gronden de son pays autrefois agreste et le message philosophique final: zot zijn doet geen pijn!
Un rappel, évidemment, après les fleurs et les remerciements, Astor Pizzaolla, 'Renaceré'!
Le 6 novembre ZANgO! sera au Trefpunt, Gent!
photos- jp daniels/concert monkey