Retour sur " Le Malade Imaginaire "
de Molière
Mise en scène : Stéphane Hervé
avec :
Camille Bagland
Caroline Boogaerts
Stéphane Hervé
Laurent Quentier
Caroline Maillé
Face B Prod/Théâtre Petit Comme Un Caillou
La Chocolaterie (Montpellier)
1,2 et 3 novembre 2017
Extraordinaire Malade Imaginaire !
Vingt et un morceaux de musique différents ! Et pourtant une bande son dont l'unité, l'enchaînement des pièces, relève du grand art. En préambule de ce retour, cette remarque met l'accent sur la qualité du spectacle qu'il nous a été donné de voir.
Spectacle total qui, sans faire appel à aucun des artifices de la mise en scène contemporaine, s'inscrit néanmoins dans notre XXIe siècle. Stéphane Hervé connaît le cinéma et sa vision du " Malade ", nerveuse, imaginative, pourrait servir de canevas à une réalisation cinématographique. Il a vu " Vol au dessus d'un nid de coucou ", il connaît Tim Burton, mais aussi Buster Keaton, Chaplin et bien d'autres...
Molière, le " premier auteur ayant écrit pour le café-théâtre ", cette remarque de Christian-Fabrice Sigaux, prend tout son poids quand on réalise qu'une pièce, un " classique ", écrite et jouée en 1673, peut encore, dans son texte d'origine, être et demeurer contemporaine. La créativité et le savoir-faire de Stéphane Hervé a, essentiellement, consisté à lui donner un " habillage " personnel, et c'était une gageure ! Les acteurs ne sont pas, non plus, innocents de ce résultat. Mélange de " transformisme " et d'interprétation décalée, ils sont tous les personnages (la pièce en compte douze)... et ils ne sont que cinq ! Délicieuse Angélique, Camille Bagland, devenant tour à tour une Louison, tennis-woman, un Monsieur Bonnefoy, abject et repoussant. Imposante Béline, majestueusement interprétée par Caroline Boogaerts, qui s'imposera aussi en Tomas Diafoirus, ridicule et dérisoire, et en Monsieur Purgon, gnome diabolique. Toinette et son " jumeau " médecin doivent beaucoup à l'allant et à l'enthousiasme de Corinne Maillé et, le " petit nouveau ", Laurent Quentier, se promène sans à-coups entre Cléante, Béralde et Diafoirus. J'ai gardé pour la fin, la redoutable prestation de Stéphane Hervé, homme-orchestre, metteur en scène inspiré et Argan plus extraordinaire qu'imaginaire. Il passe, en un instant, de la folie douce à la logique matoise d'un bon bourgeois bien installé et nous entraine sans limite dans un monde de déraison assumée.
Et, bien sûr, il y a Molière, ce diable de Molière, se permettant tout, même de s'auto promouvoir dans un vivifiant dialogue que je ne peux que vous retranscrire :
BÉRALDEARGAN - C'est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d'aller jouer d'honnêtes gens comme les médecins. BÉRALDE - Ce ne sont point les médecins qu'il joue, mais le ridicule de la médecine.Quelques discussions d'après spectacle, autour du traditionnel verre de l'amitié, m'ont permis d'avoir l'opinion du " jeune public ". Ils ont ri, mais pas que, et rencontré cet auteur, momifié par Lagarde et Michard et autres doctes fauteurs de savants manuels. Cela les a " enchanté " !
Encore une fois, Merci et Bravo à Stéphane Hervé, à la troupe de Face B Prod/ Théâtre Petit Comme Un Caillou et à la Chocolaterie, pour nous avoir permis de retrouver ou de découvrir, enfin, nos " grands classiques " et bon vent pour d'autres aventures !
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Le Malade Imaginaire par Face B Prod/TPC1C (2 novembre 2017 à la Chocolaterie) - Extrait