Du 22 au 24 septembre se tenait l’un des derniers festivals de l’été : le Roscella Bay. Créneau à priori parfait avec ce weekend de fin septembre où la douceur de l’été est encore présente, tandis que l’excitation des prémisses de la rentrée commence à se faire sentir. Pour sa troisième édition, le festival qui se tient toujours au cœur de la Rochelle, à quelques pas du vieux port, s’élance donc avec une programmation éclectique allant de la scène Rap bruxelloise en ébullition, à une black music sous toute ses formes, en passant par de la Pop moderne, sans oublier la nouvelle vague House subliment représentée.
Le départ est donné le vendredi soir avec une soirée gratuite hautement qualitative en compagnie de Caballero & JeanJass, Lucien & The Kimono Orchestra, Gilb’R, Buvette et le Coconut Festival venu mettre son grain de sel chez les copains. Le live de Buvette nous introduit et ouvre le grand bal du week-end. Le mélange exquis des douces mélodies accompagnées de l’intense poésie des textes nous ravis. La prise de relais sera assurée par Caballero & JeanJass. L’énergie déployée par les deux rappeurs belges réveille le vieux port et la foule est prise au jeu : ça bouge, ça se bouscule et ça saute dans tous les sens ! Fatigués mais excités, nous apercevons Gilb’r s’installer derrière les platines pour terminer cette première soirée. Cependant, le big boss du label Versatile aura du mal à maintenir le niveau d’euphorie atteint lors du live des deux Bruxellois. La soirée se termine alors tranquillement et cette douce mise en bouche nous tiendra en haleine jusqu’au petit matin…
Caballero & JeanJass secouent le Roscella Bay 2017
La journée du samedi démarre sur un petit bémol, puisque nous y apprenons la déprogrammation de Clémentine. En tant qu’amoureux de Disco, nous nous faisions une joie d’écouter la sélection concoctée par cette membre de la Jaw Family… mais cette petite déception sera hautement compensée par les performances des autres artistes qui, il semblerait, se sont passé le mot : le week-end sera chargé en Disco !
Nous arrivons sur les coups de 16 heures, pour le live de Flabaire. Le soleil est de sortie, la pêche au canard et les huîtres de l’Île de Ré poursuivent leur résidence, et voilà qu’un petit nouveau fait son apparition : un twister géant qui endossera à merveille son rôle de trouble-fête durant tout le festival avec ses couleurs assurément flashy.
Twister Time
Mais trêve de plaisanterie, c’est surtout pour la musique que nous sommes à La Rochelle… et le live de Flabaire se veut à l’image du moment avec un début de performance en douceur, parfait pour amorcer la suite. L’un de nos producteur favoris de l’écurie D.Ko Records réalise donc une parfaite introduction, armant sa Deep-House planante de longues nappes qui nous invite à prendre place dans la grande ronde du Roscella. Un live d’une heure, donc… qui saura prendre son envol avec une version live du titre « Way », pour progressivement baisser en intensité dans les derniers instants. Parfait !
Côté scénographie, la disposition a une fois de plus bien changé et cette évolution est significative : le festival semble avoir passer un cap cette année. La nouvelle scéno matérialise les grandes ambitions du festival et démontre un véritable professionnalisme ainsi qu’un goût affirmé pour les choses bien faite. Celle-ci est un véritable bijou, adapté à l’écosystème local… le tout avec une politique zéro déchet !
De manière générale, l’espace du Gabut est divisé en deux parties. La première zone à laquelle nous accédons à l’entrée du festival est dédiée à la scène principale, plus équipée, plus grande que les années précédentes… et dirigée vers l’Est. Pourquoi ce détail, me direz-vous ? Et bien tout simplement, car il énormément et permet aux festivaliers de danser face au coucher de soleil aux couleurs rouge-orangées, dont la Rochelle a su nous délecter.
S’en suit un deuxième espace cloitré entre les friches industrielles dans lequel est recréé tout un village : coin restauration, buvette, espace détente, duplex maison pour Rinse France et une deuxième petite scène assurant le coté intimiste du festival, si cher à nos yeux. Celle-ci apparaît comme protégée par la végétation, dernier bouclier face à l’imposante friche enclavée autour. Les constructions DIY (Do it Yourself), evoquent un côté berlinois et nous ramène en enfance dans cette antre coloré et simpliste.
Le Gabut est investit par les Roscella Bayers
Après un état des lieux du Gabut, nous reprenons place face à la scène principale pour le set de La Mamie’s. Les bougres de l’équipe sont bien présents et démarrent leur selecta tandis que le soleil descend lentement. Et les filous en profitent… vous vous en doutez bien ! La musique se veut lente, langoureuse et représentative de ce soleil rochelais qui se couche à l’horizon. La mélodie s’empare des danseurs, La Mamie’s entame son set avec une House downtempo, tout en retenue, qui réchauffe le public et évolue peu à peu vers quelques titres aux saveurs exotiques. Inutile de vous expliquer pourquoi, mais cette vibe africaine devient vecteur d’une ferveur explosive… particulièrement après quelques bières, alors que la nuit pointe le bout de son nez.
Voilà donc le dancefloor auquel on est habitué, libre, grand et aéré, véritable point fort du festival, l’équipe Electrocorp se lâche et profite des espaces. Le Roscella tient aussi son succès et sa force dans cette volonté de garder cet esprit familial et convivial, contrairement à certaines manifestations culturelles sans âmes.
La Mamie’s se tourne ensuite vers une belle sélection Disco, véritable métronome du festival. Tandis que les morceaux s’enchainent, révélations pour certains, classiques pour d’autres, le soleil tire définitivement sa révérence. On retiendra de ce moment un set d’une grande intensité synonyme d’une joie débordante dans la foule comme sur la scène.
Le marathon nocturne est lancé avec Folamour. Ce dernier annonçait un format live exclusif pour fêter la sortie de son nouvel album, mais pour des raisons obscures, c’est sous un fomat DJ set qu’on le retrouve sur la grande scène. La transition entre la douce après-midi et les sets nocturnes plus pointus s’enclenche alors. Armé de son bob et d’un t-shirt dragon (que je lui envie énormément), Folamour électrise la foule et place le Roscella sous son emprise. Son set était l’une des claques du week-end. Le public avait besoin de se défouler et il trouva chez Folamour une réponse à la hauteur de ses envies, avec un mix presque exclusivement Disco qui aura libéré les esprits et délié les gambettes des danseurs amateurs.
Une bonne étoile gravite autour du festival, car malgré la nuit tombée, le site est bercé par une chaleur douce de fin de saison… à tel point que certaines auront trouvé de bon augure de faire tomber le soutif. Ce dernier, dans une tentative de métamorphose en cerf-volant, virevoltera de longues minutes entre les festivaliers amusés. A l’approche de la fin du set de Folamour, les montres n’affichent que 22h et l’équipe Electrocorp est remontée à bloc. Ca tombe bien… car le meilleur reste à venir.
Le passage de flambeau s’effectue et Marcellus Pittman monte sur scène accompagné de son compère de Détroit, Patrice Scott. Folamour a placé la barre haute et le public en face des deux artistes est en pleine ebullition. Un véritable pain béni pour les deux vétérans de la House qui maintiennent et surpassent leur prédécesseur. Les deux compères s’éclatent lorsqu’un musicien vient les rejoindre sur scène pour sublimer en live les titres joués. Cette tension si vive ne cessera de s’intensifier jusqu’à minuit et les deux heures du set passent en un éclair. Les deux DJs américains passent de la Deep House à l’Acid, puis enchainent avec plusieurs détours par la Disco qui nous colle définitivement à la peau, véritable ritournelle du Roscella 2017. Le set se termine sous les hourras d’une foule en crampe…
D’une certaine manière, on pourra reprocher aux DJs de la soirée un petit manque d’éclectisme. Un mot pourtant bien à la mode au sein des festivals de l’hexagone. En effet, pour cette soirée du samedi, le style musical proposé restera majoritairement cantonné à la Disco et ses dérivés housy. Mais aux diables les conventions ! Là où les évènements Techno All-Night Long sont monnaies courantes, ceux dédiés à des styles de la sorte se font plus rares. Les rythmes, les ligne de basse, les envolées lyriques aux timbre de voix soulful, les mélodies au piano accrocheuses et entêtantes… impossible de ne pas se déhancher et de s’épanouir. Le Roscella bat son plein, la magie opère. Les festivaliers sont joueurs, et l’importante affluence 6 heures d’affilée devant la scène atteste de l’ambiance incroyable qui règne sur ce festival à taille humaine.
Minuit. Les étoiles sont de sortie lorsque les festivaliers les plus aguerris se dirigent vers le OFF. Au programme : Zaltan, Renart et K15.
Une organisation au cordeau nous emmène à bon port. Quelques minutes de queue, l’occasion de rencontrer les amis d’un soir. Le métronome continue de battre son rythme et l’ambiance reste inchangée. Le big boss du label Antinote, Zaltan, ouvre le bal avec une sa Dream House aux accents tropicaux. Si l’on pourrait reprocher un manque de puissance dans le système son, l’ambiance générale compense largement et la soirée s’annonce bien. La pierre angulaire du set de Zaltan sera posée avec le classique « Passion » de Gat Decor : scène de liesse dans le public, la magie Roscella opère à nouveau.
Renart, représentant de Cracki Records, poursuit les festivités et se lance rapidement dans un live particulièrement fort et agressif, le rythme s’accélère et se durcit. Ces moments seront pour nous les derniers de la soirée. Un retour facilité par les navettes mises en place accompagné d’un sympathique fanfaron et de son enceinte bluetooth distillant la musique de Caballero & JeanJass. L’heure du dodo a sonné !
Dernier jour de festival, nous arrivons dimanche alors que le live de L’Or du Commun débute. Véritable bombe d’énergie, les compères s’amusent et cela se voit. La prestation scénique contrebalance avec les nombreux DJ sets de la veille. Les interactions avec le public sont nombreuses et les jeunes bruxellois nous remettent en selle pour les festivités dominicales.
Second temps fort du dimanche, Jus-Ed démarrera son set en avance et nous invite à danser sur sa Deep House originelle, chaleureuse, mélodieuse. Le ton est donné et l’on reconnaît quelques tracks du label Underground Quality dont il est l’instigateur. Porté par les derniers faisceaux de lumières de la journée, mélangés à la sélection langoureuse de Jus-Ed, le public profite de ce dimanche soir à l’ambiance bon enfant… alors que la nostalgie de fin de festival commence déjà à se faire sentir.
Malheureusement, les contraintes du monde réel nous rattrapent et le live de Tshegue sera privé de notre fameux déhanché. Nous repartons une fois de plus avec des étoiles dans les yeux, des paillettes collées dans les cheveux, et les jambes courbatues… synonymes d’un véritable marathon de la danse tout au long du weekend.
Cette édition 2017 fut une nouvelle fois une expérience festivalière hautement qualitative. Malgré son jeune âge il faut reconnaitre que le Roscella a rapidement su placer la barre très haute et faire preuve d’une maturité déconcertante en matière de programmation musicale, d’organisation, de scénographie et d’ambiance.
L’équipe d’Electrocorp, présente depuis la première année, a vu évoluer le festival et peut témoigner d’une belle montée en puissance en 3 ans d’activités, sans jamais essayer de griller les étapes.
Ce weekend de fin de saison placé sous le signe du groove n’a de cesse de nous émerveiller d’années en années… et nous avons hâte de découvrir ce que l’équipe nous réservera pour son Roscella Bay 2018.