Le premier satellite artificiel lancé avec succès en orbite, Spoutnik 1, est lancé en octobre 1957. C'est un retentissant succès d'estime mondial. L'URSS, en pleine guerre froide ne s'attendait pas à un tel point d'orgueil.
Nikita Krouchtchev, tel un otarie dans l'eau, en reste fort excité. Il exige qu'on fasse mieux encore. Il convoque son spécialiste responsable du programme spatial soviétique et lui demande si il peut faire mieux afin de commémorer le 40ème anniversaire de la révolution russe...dans moins d'un mois. Son spécialiste avait mis toute son équipe en congé puisque celle-ci n'avait pas pris une seule journée de congé depuis plusieurs années. Il doit alors tous les rappeler d'urgence. Pendant 4 semaines, on trimera dur.
Un satellite plus sophistiqué baptisé Objet D et pouvant emporter un être vivant est en essai, mais rien ne pourrait être prêt avant décembre. On conçoit donc un nouvel engin, à la hâte, beaucoup moins sophistiqué. On l'appellera Spoutnik 2, mais l'engin, en quatre semaine, est très vite fait. On le construit à partir de dessins approximatifs. On y glisse des instruments scientifiques, des spectomètres entre autre, afin d'étudier les radiations solaires et les rayons cosmiques.
Le 12 octobre, on décide qu'un chien sera catapulté dans l'espace.
Spoutnik 2 sera munie d'un système de support de vie constitué d'un générateur de dyoxygène et des dispositifs empêchant de s'empoisonner au dioxyde de carbone. Un ventilateur s'active lorsque la température de la cabine dépasse les 15 degrés celcius. On mettra le chien dans une combine de sangles permettant de limiter ses mouvements dans l'étroite cabine capitonnée. Un réservoir de caoutchouc sera ancré sur le chien afin de récolter ses urines et excréments, fixé à son bassin. Un électrocardiogramme sera fixé sur lui afin de calculer son rythme cardiaque et d'autres instruments calculaient sa respiration, sa pression artérielle et ses mouvements.
On trouvera le chien, errant, dans les rues de Moscou. Ce sera une chienne. On lui prête à peu près 3 ans et elle pèse à peu près 12 livres. Le personnel soviétique lui donne plusieurs surnom:
Koudriavka (petite bouclée), Joutchka ou Limontchik. Comme la chienne est un husky sibérien, et que ce type de chien est appelé Laika en Russe, on l'appellera Laika.
Aux États-Unis, on l'appelle Muttnik comme dans chien bâtard avec la suffixe soviétique "nik" .
En France, on appelle la chienne Frisette. Ou "curly" puisque déjà la France s'anglicise.
La chienne Albina sera celle qui testera deux vols sur une fusée-sonde en haute altitude. Une troisième chienne, Mouchka, testera l'instrumentation et l'équipement autonome de survie.
Afin d'acclimater Laika à être confinée dans un endroit étroit, on la place pendant des semaines dans des cages de plus en plus petites. Pendant plus de 20 jours. Mais Laika cesse de faire ses besoins et devient en piteux état. On lui prodigue des laxatifs mais elle devient agitée et franchement dégueulasse. Elle sera placé dans une centrifugeuse afin de simuler l'effet de départ de la fusée. On reproduit aussi les bruits que le décollage devrait faire afin d'habituer la bête à son expérience. Tout ça double le rtyhme cardiaque de Laïka et la pression sanguine double aussi. On l'habitue au gel nutritif comme seul aliment. ce qu'elle mangera à bord et dans l'espace.
Läika est placée dans sa capsule, quatre jours avant le décollage. Il fait alors très froid. Un tuyau relié à sa cabine régule la température afin de la garder au chaud. Juste avant le décollage, on éponge le pelage de Läika avec de l'alcool et on lui place de l'iode, là où on met les électrodes.
Quand Spoutnik 2 décolle, son battement de coeur passe de 103 battements par minute à 240. La coiffe protectrice est larguée avec succès. Mais le régulateur thermique ne fonctionne pas comme prévu. Avec moins de 4 semaines de travail, impossible de fixer un système vraiment fiable.
La cabine surchauffera et Laïka meurt entre 5 et 7 heures plus tard.
Spoutnik fera 2570 tours autour de la terre, avec une chienne morte à bord. La capsule est détruite lors de son retour sur terre le 14 avril 1958, au dessus des Antilles. La dépouille de Laïka aussi.
La brave et innocente Laïka mourrait aujourd'hui, il y a 60 ans.
Sacrifiée par orgueil et dans une moindre mesure, pour la science.