Pendant le sommeil conscient, le système nerveux et la pensée se retirent, mais la conscience, le "je suis" demeure, contemplant le flux et le reflux de l'assoupissement, des rêves et de la veille sans en être affecté. Ce n’est pas d'une conscience cartésienne qu'il s'agit, d’un «je pense donc je suis ». mais d’une conscience universelle, celle de la joie d’être.
Pierre Bonnasse nous rappelle que, de Socrate à Montaigne, les philosophes nous enseignent que « ce n’est pas la réalité qui est difficile, mais notre manière de la percevoir ». Depuis la nuit des temps, le yoga nous montre pourquoi en nous confrontant avec la part mécanique de nous-même, que nous prenons généralement à tort pour notre véritable nature. Nous avons trop tendance à prendre la partie pour le tout. Mais nous ne nous réduisons pas aux émotions, même si celles-ci nous envahissent parfois au point de nous submerger et de nous emporter dans leurs flots. Dès l’instant où j’arrête de prendre la corde pour un serpent, je n’ai plus peur de m’en saisir et d’en user à bon escient. Le yoga nidra permet de comprendre que plus je suis conscient dans le sommeil, plus je le suis dans l’état de veille, et vice-versa. Cette connaissance permet de prendre du recul et d’enrichir la qualité de notre relation ; nous-même et au monde.
L’EXPÉRIENCE DU SOMMEIL ET DE LA MORT
La posture allongée du cadavre nous met, littéralement, dans l’expérience métaphorique de la mort. Il n’y a pas de veille sans sommeil, pas de vie sans mort. Et il nous est impossible de comprendre la nature d’un état sans comprendre la nature des autres.
« Je nais et je me réveille en inspirant, je meurs et je m’endors en expirant », dit Pierre Bonnasse. Dans la mythologie grecque, Hypnos, personnification du sommeil, et Thanatos, celle de la mort, sont frères. Le sommeil peut donc être considéré comme une préparation à la mort et un moyen de se libérer de la peur qu’elle éveille. Nous aimons dormir profondément, mais nous restons prisonniers de la peur de mourir - bien entendu, nous aimons d’autant plus dormir profondément que nous savons que nous nous réveillerons... Toutefois, le nidra permet de faire cette expérience finalement rassurante, sorte de « souvenance de la mort », à condition de vivre l’endormissement comme si c’était la toute première fois, sans préjugé ni a priori, et en même temps comme si c’était la dernière, comme si chaque expiration était bel et bien l'ultime.
LE GESTE RIGOLO DES OREILLES
La technique est simple : « Pincez le lobe des oreilles entre le pouce et l'index, tirez vers le bas le plus loin possible, ouvrez la bouche, rétractez la langue au milieu sans qu'elle touche une autre partie de la bouche, tirez-la un peu en arrière, écarquillez les yeux, relevez les sourcils le plus haut possible... et vous devriez vous mettre à bâiller. C'est un geste de détente et d'énergie, à faire avant une séance, avant de s’endormir, en se réveillant, à tout moment de la journée. Simplement pour la saveur et le retour à la tranquillité. »
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