Ce siècle est encore jeune mais il montre deux tendances : d’un côté, il est difficile de passer à côté de l’assaut de plus en plus vif de l’Etat contre la population, alimenté par un populisme qui accroît sa charge. Ces chroniques en décrivent quelques aspects saillants. D’un autre côté, par un heureux hasard, la technologie semble accroître l’affranchissement des individus face aux griffes de l’Etat.
Ainsi, j’ai régulièrement évoqué dans plusieurs billets l’impact sur la société des voitures autonomes, de l’utilisation des technologies modernes de géolocalisation (sur téléphone mobile, typiquement) pour complètement modifier le paysage des transports tarifés en ville voire de la gestion des populations migrantes ou plus généralement de la solidarité, et, en rapport direct avec mon dernier billet, comment même la monnaie pourrait bien subir à son tour la révolution numérique.
Dans ce tableau, il serait bien évidemment difficile de ne pas évoquer l’intelligence artificielle (I.A.) dont on aura peine à lister exactement tous les futurs usages. Surtout à mesure qu’on se rend compte de son potentiel : les dernières prouesses réalisées par exemple sur le jeu de Go par AlphaGo montrent en effet la rapidité et la puissance des apprentissages qu’on est en mesure de mettre en place. Il semble délicat d’affirmer, à ce stade, que ces I.A. serviront exclusivement à libérer l’individu, tant sera grande la tentation pour l’Etat et ses sbires de s’en servir pour un but exactement opposé…
Mais en réalité, les révolutions les plus profondes sont souvent bien plus discrètes que les exemples que j’ai fournis précédemment. Si, déjà, certains sentent confusément que ces I.A. auront un rôle important à jouer, si d’autres (pas forcément les mêmes) ont bien compris les avantages (ou les dangers) d’une monnaie électronique peer-to-peer complètement indépendante de l’Etat, peu se sont réellement penché sur la démocratisation de la biologie et de la mise à porté de la génomique à tout un chacun.
J’en vois quelques uns qui froncent les sourcils, et c’est bien normal.
Avant d’expliquer plus avant, je dois cependant introduire une découverte assez récente (en construction depuis 2002 et nettement affinée en 2012) dont les applications sont déjà en train de bouleverser la médecine : il s’agit de CRISPR-Cas9, une enzyme bien particulière capable de découper un génome (une chaîne d’ADN) entre deux points distincts et qui offre une souplesse et une efficacité sans commune mesure avec ce qui existait en matière de génie génétique depuis les années 1970.
Cette découverte permet depuis quelques années (on ne parle même pas encore en décennies !) d’envisager les thérapies génétiques, qui visent à corriger les défauts génétiques connus dans un génome donné, en abaissant considérablement leur coût et leur complexité, à tel point qu’on estime qu’actuellement, 3000 laboratoires dans le monde utilisent cette technique suffisamment simple pour être pratiquée de façon routinière par des étudiants en master de biologie.
Cette technique a déjà été appliquée avec succès sur des souris atteintes de maladies génétiques comme la tyrosinémie (qui entraîne une atteinte du foie et des reins) ou la myopathie de Duchenne. Une autre application a consisté à décroître énormément la fertilité des moustiques vecteurs du parasite du paludisme. Plus fort encore, l’équipe de George Church, professeur de génétique à Harvard, envisage très sérieusement d’utiliser CRISPR-Cas9 de réparer le génome de mammouths récupérés dans la toundra sibérienne avec le génome de l’éléphant d’Asie d’ici cinq à sept ans. Ce n’est pas encore Jurassic Park, mais on s’en rapproche furieusement…
On le comprend : cette technique porte en elle des potentiels fantastiques en matière de médecine curative et préventive, et, comme toute révolution scientifique, ouvre aussi des opportunités terrifiantes en matière d’eugénisme ou, pire, de génocides ciblés…
Si la révolution de l’atome des années 50 porte en elle les mêmes promesses et les mêmes dangers, son ticket d’entrée, particulièrement gourmand en capital, repousse beaucoup d’initiatives et de projets aux sphères purement conceptuelles. Cette révolution génétique, de ce point de vue, se rapproche beaucoup de la révolution numérique que j’ai abordée dans les paragraphes précédents : elle est, tout comme internet, le P2P ou le développement d’intelligence artificielle, bien plus abordable et par un nombre bien plus grand d’individus et d’équipes partout dans le monde.
À tel point qu’il existe à présent de véritables « kits » pour comprendre, tester et mettre en application CRISPR-Cas9 dans son propre laboratoire improvisé, à partir d’un prix modique de … 140 dollars. C’est en tout cas ce que propose Josiah Zayner sur son site, The ODIN, et sur sa chaîne Youtube. Et non, Zayner n’est ni fou, ni le capitaliste sans foi ni loi prêt à vendre du virus en kit pour un profit joufflu, mais bien un docteur en biophysique de l’université de Chicago qui a décidé, au travers d’une campagne de crowdfunding, de mettre cette technique à la portée du plus grand nombre pour offrir à chacun la possibilité d’expérimenter par lui-même des changements génétiques sur différents organismes (levure de bière, bactéries, …).
Cet individu à la vie particulièrement riche (sa fiche Wikipédia est assez colorée et mérite la lecture) en aura aussi profité pour tester sur lui-même certaines techniques génétiques (dont un transfert fécal) afin de guérir certains de ses troubles intestinaux.
Au-delà de l’aspect un peu folklorique ou décalé de la personnalité de ce brillant docteur, le but qu’il recherche au travers de ses kits mérite cependant qu’on s’y attarde.
Pour Zayner, il apparaît en effet que l’état actuel de la médecine et des progrès technologiques permettraient de résoudre beaucoup des maladies touchant un nombre considérable d’individus, ou, à tout le moins, d’en amoindrir les symptômes les plus douloureux, si l’invraisemblable masse de procédures, de paperasse et de régulations n’entravaient pas dès le départ les démarches entreprises. Pour lui, il apparaît clair que beaucoup de gens ne sont pas traités ni guéris non parce qu’on ne connaît pas les traitements mais simplement parce que les comités, les autorités, les pontes et les habitudes l’en empêchent.
Du reste, il va pouvoir prouver que c’est tout à fait exact puisque la mise sur le marché de ses kits pose d’évidents problèmes aux autorités : bien que parfaitement légaux, les résultats de ces derniers pourraient, potentiellement, avoir des effets adverses qui, rien que d’y penser, font immédiatement venir la chair de poule aux aficionados du contrôle étatique… Au point que, lorsque des essais concluants sont menés sur des chiens mourants au point de les guérir, les autorités en viennent à classifier ces chiens comme « drogue » afin d’interdire toute recherche ultérieure sans passer par elles.
La bataille a donc déjà commencé.
D’un côté, les innombrables agences étatiques, comités, institutions n’ont que votre bien en tête et se chargeront de noyer tout le monde dans un sirupeux tsunami de paperasses et de procédures incroyablement complexes pour s’assurer que rien n’échappera au moindre contrôle. Oh, bien sûr, des gens mourront parce que traités trop tard ou pas du tout, mais au moins, les cerfas seront bien remplis.
De l’autre, les coûts d’accès aux nouvelles technologies continueront à baisser. Les coûts d’accès à l’information et à la connaissance sont tous les jours plus bas, le matériel pour mettre en application de plus en plus trivial à rassembler. Combien préféreront l’illégalité et l’oubli d’un cerfa ou deux à la mort ou à une vie de douleurs ou de misère ?
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