The Gifted est une nouvelle série diffusée depuis le début octobre sur les ondes de Fox aux États-Unis et CTV au Canada. Adaptation de la collection Marvel, nous nous trouvons dans un futur rapproché alors que les humains tentent de cohabiter avec des mutants et l’expérience est loin d’être concluante. C’est surtout du côté de ces derniers que l’on cherche à apaiser les tensions, mais en vain. Néanmoins, l’arrivée récente de la famille Strucker dans leur vie pourrait bien changer la donne. Doté d’une prémisse extrêmement simpliste qui a tôt fait de tourner en rond, The Gifted est une (autre) adaptation plus que moyenne de l’univers des Marvel qui dans l’immédiat peine surtout à nous faire croire à son environnement. Sinon, Fox s’est sciemment distanciée des networks au niveau de ses nouveautés, pari gagné ou perdu ?
Une histoire de famille
Au début de l’épisode, nous avons d’une part une bande de mutants qui cherchent à échapper à une sorte de razzia policière. Eclipse (Sean Teale), Blink (Jamie Chung), Thunderbird (Blair Redford) et Polaris (Emma Dumont) ; tous possèdent des pouvoirs surnaturels pour se défendre, mais cette dernière ne les déploie pas à temps et est envoyée dans un centre de détention ultra protégé. C’est l’avocat de district Reed Strucker (Stephen Moyer) qui doit dans un premier temps l’interroger. Reconnu pour sa loyauté envers les autorités, sa vie professionnelle bascule lorsque lui et tout son entourage réalisent que son fils adolescent Andy (Percy Hynes White) s’avère lui-même être un mutant. Puis, coup de théâtre, c’est sa fille aînée Lauren (Nathalie Alyn Lind) qui avoue à son père et à sa mère Kate (Amy Acker) qu’elle aussi est de « l’autre race ». Dès lors, les Strucker n’ont plus d’autre choix que de fuir et après un certain marchandage, ils sont recueillis chez Eclipse et sa bande. Tous, sauf Reed qui est arrêté par la police. À partir de ce moment, la famille n’a en tête qu’être réunifiée, ce qui n’est pas évident.
D’entrée de jeu, le problème avec The Gifted vient du fait que les mutants ont de la difficulté à contrôler leurs pouvoirs qui une fois déployés peuvent causer de sérieux dommages autant sur les infrastructures que sur les humains. En conséquence, la police et des groupes citoyens s’organisent pour neutraliser ces « bêtes ». À cette dichotomie pour le moins minimale, on tente on ne peut plus maladroitement de faire des parallèles avec l’histoire qui ne nous convainc pas d’un iota. Par exemple, on compare le sort arbitraire auxquels sont soumis les mutants à l’Apartheid du début des années 90 en Afrique du Sud et c’est tout juste si l’on se garde de mentionner l’Holocauste. Or, pour que l’argument ait une quelconque portée, encore faut-il que l’on se donne la peine d’inclure ne serait-ce qu’un minimum d’informations pour le contexte sociétal dans lequel tout ce beau monde évolue, ce qui n’est pas le cas. Dès lors, d’entendre Kate par exemple réclamer un avocat étant donné que l’on vit dans un supposé état de droit ne fait absolument aucun sens. C’est même risible à la limite.
De plus, on comprend mal en quoi repose le désaccord entre les mutants et les humains. Certes, ils représentent une menace puisque quand ils sortent de leurs gonds, l’environnement autour d’eux risque d’en souffrir. Pourtant cette frustration n’est manifeste que lorsqu’ils sont provoqués par la police. Et comme rien ne bouge, on en conclut que les affrontements entre les deux camps ne servent qu’à distraire le téléspectateur avec des effets spéciaux, certes convaincants.
Sinon, au niveau de l’histoire après trois épisodes, le scénario s’avère extrêmement répétitif et c’est celui de la troisième semaine qui résume le mieux le sur-place auquel on est confronté. Dans celui-ci, on a Reed qui est en garde à vue par la police, tandis que Kate et ses enfants se sont réfugiés chez les mutants dans un endroit secret. Mais voilà que la mère n’y tient plus et malgré les avertissements d’Eclipse, elle décide d’aller voir son frère Danny (Jeffrey Nordling), afin qu’il l’aide à entrer en contact avec Reed. Seulement, Lauren et Andy refusent de la laisser s’aventurer par elle-même dans ce possible guêpier et la suivent. Évidemment, à cause d’une erreur prévisible les voisins sont au courant que Danny héberge des mutants et un groupe se rassemble pour leur faire la fête. Eclipse et sa bande bravent donc le danger afin de ramener tous les membres Strucker au bercail saine et sauve. Résultats de toutes ces démarches : aucun. L’objectif final pour le moment est que la famille soit de nouveau réunie. En ce sens, ça nous rappelle le scénario de Revolution (NBC, 2012) qui manquait également d’ambition. Dans ce contexte, The Gifted n’est pas mieux, si bien que la motivation de poursuivre l’aventure est fortement amoindrie.
Fox dans les étoiles
À l’inverse de NBC, ABC et CBS qui cherchent toutes à dénicher LE procédural de l’année, on peut affirmer que Fox fait bande à part depuis le début de la saison 2017. En effet, la chaîne n’a ajouté que trois nouveautés sérielles à son calendrier qui ont toutes un certain encrage dans la science-fiction. Dans la comédie Ghosted, les deux personnages principaux sont constamment dans une chasse aux extra-terrestres. Dans The Orville, on est plutôt dans l’équivalent de l’univers de Star Treck et The Gifted mise sur des héros dotés de super-pouvoirs. Était-ce un bon choix ? Contre toute attente, il s’avère que oui. Certes, aucune des trois séries n’a reproduit l’exploit d’Empire à son lancement, mais du côté du taux chez les 18-49 ans, pas une n’est tombée sous la barre du 1,0 (à l’exception de The Orville qui en sixième semaine a fait 0,99). Toujours selon cette unité de mesure, à la mi-saison, cette dernière a une moyenne de 1,45 tandis que Ghosted est à 1,22. Quant à The Gifted, la première a attiré 4,9 millions de téléspectateurs avec un taux de 1,48. Après un mois, la moyenne de l’auditoire a baissé à 3,88 millions, mais le taux se maintient à 1,2. Mine de rien, Fox se faufile entre ses concurrentes et on ne serait pas étonné de voir ces trois nouveautés renouvelées. On ne peut pas en dire autant du début de saison des autres networks, particulièrement en ce qui concerne ABC…
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