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C’est Charly, étudiant en 2e année de psychologie qui est à l’origine de cette décision. En effet, le jeune homme, anciennement femme, a fait part de ses difficultés à Concetta Pennuto*, chargée de mission diversité, égalité et handicap de l’université de Tours.
Il a tout d’abord soulevé la question de son prénom d’usage. Celui inscrit sur sa carte universitaire ne correspond pas à son nom "réel". Les enseignants le nomment avec son prénom de naissance, qui ne correspond plus à ce qu’il est. Second sujet, et de taille, l’utilisation des toilettes à l’université. Charly a confié son mal-être sur ce point. Il ne peut pas utiliser celles des hommes et encore moins celles des femmes. C’est problématique.
Les soucis de Charly ont été entendus et compris. Quelques solutions sont déjà proposées. Ainsi, cette année les étudiants ont la possibilité de faire inscrire sur leur carte universitaire le prénom de leur choix. Celui qu’ils utilisent au quotidien, celui qui correspond à leur identité de genre. Ils peuvent également, s’ils le souhaitent, proposer une autre photo pour la création de leur carte.
Mais Concetta Penutta souhaiterait en faire davantage. Elle aimerait notamment que le prénom d’usage apparaisse sur les diverses listes universitaires (répertoire, fiches de présence ou d’examens) ou dans les adresses électroniques utilisées à l’université.
Concernant l’affaire des toilettes, plusieurs discussions ont été menées. Finalement, la mise en place de sanitaires neutres aura bien lieu d’ici la fin de l’année universitaire. Le premier site qui en bénéficiera sera celui de Boulevard Tonnellé (faculté de médecine). Un logo sera apposé sur la porte. Notons que le débat des toilettes neutres est aussi d’actualité aux États-Unis. En France, il n’existe aucune loi relative à l’installation de sanitaires "non genrées" dans le milieu scolaire. L’université François Rabelais fera donc office de précurseur.
Qu’en pensent les étudiants de François Rabelais? La majorité des jeunes interrogés se disent "fiers d’étudier dans une faculté qui reconnait les droits de tous". Le "concept d’identité" souvent mis en avant par ces derniers est primordial. "Il est important de savoir qui on est, que les autres le sachent aussi", confie Julie, étudiante en sociologie.
Cependant, quelques doutes ou interrogations apparaissent. "Mais, toilettes neutres ou mixtes, quelle différence? On ne s’est pas battu justement contre la mixité des sanitaires?", se demande Thibault inscrit en psychologie. "Ajouter un logo, c’est marquer clairement la différence entre eux et nous", affirme Louise. "Changer le nom sur la carte d’étudiant, oui, et nous on peut mettre notre surnom? Si c’est comme ça qu’on se fait appeler?, s’amuse Lucas.
Si la décision de l’université est saluée et encouragée par la population estudiantine tourangelle, elle est source de débat. Qu’est-ce que la neutralité? Peut-on vraiment être "neutre"? Pour Carine par exemple ce n’est pas possible, ["on est soit une fille soit un garçon"]i. Sophie quant à elle souligne le fait que le terme "neutre" renvoie à l’idée d’un abandon des genres.
Les discussions vont bon train et les étudiants, curieux, attendent avec impatience l’ouverture des premières toilettes non genrées. Ils comptent bien les utiliser et militer en faveur de leurs camarades transsexuels. Et comme le rappelle Concetta Penutta, même si cette mesure ne concerne qu’une infime partie des étudiants, elle est essentielle pour leur construction identitaire. Ils doivent réaliser leurs études dans les meilleures conditions possibles.
Une affaire de "non genre" à suivre de près!
* Les divers propos de Charly et de Concetta Penutto ont été recueillis par les journalistes de La Nouvelle République du Centre Ouest.