Leuven, tradition et modernité en Flandre

Publié le 02 novembre 2017 par Claude Mandraut

Le cœur historique de Leuven ou Louvain est compact et facile à découvrir. Cette ville de Flandre, en Belgique, est à elle seule un raccourci entre l’histoire de l’Europe et les connaissances du futur.

Le Stadhuis ou Hôtel de Ville de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Quand j’ai planifié ma visite à Leuven, j’ai été séduite par les photos de son phénoménal Hôtel de Ville. Un magnifique bâtiment dont le décryptage de la façade pourrait occuper plusieurs journées. J’ai bien sûr appris que Leuven était un haut lieu de la bière, ce qui n’a pas été un argument décisif pour moi mais qui peut l’être pour certains.

Un sympathique petit personnage, transportant vraisemblablement une bouteille de bière. Il se trouve sur le mur d’un des cafés du Grote Markt de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Ce que je ne savais pas, c’est que Leuven dont l’université, KU Leuven a été fondée en 1425 compte 52 collèges, 56 000 étudiants, fait partie des universités les plus prestigieuses au niveau mondial et a une forte réputation en matière d’innovation.

Leuven, une ville universitaire avec ses nombreux collèges.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Réputation revendiquée et assumée avec les panneaux Leuven Mindgate qui parsèment la ville et renvoient aux inventions made in Leuven comme les « Shoes from Leuven which require no cleaning ». Par ailleurs, prudence, les étudiants circulent pour beaucoup à bicyclette en se déplaçant à vive allure. Côté histoire internationale, Leuven a payé un lourd tribut aux deux Guerres mondiales. Il suffit de regarder un peu attentivement les maisons qui entourent notamment l’Hôtel de ville, cœur de la ville ancienne. Elles portent, pour la plupart la date de leur construction qui vont de 1919 aux années 20.

Maison de Leuven reconstruite en 1921 avec un petit air Art Nouveau.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Ces maisons sont aussi marquées par un sobre cartouche rectangulaire identique et gravé dans la pierre sur lequel s’inscrit 1914 et les symboles de la guerre.

Cartouche sur les maisons reconstruites à Leuven après la Première Guerre mondiale.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Ce qui signifie que l’immeuble a été détruit au cours de la Première Guerre mondiale et reconstruit.

Les incontournables de Leuven

L’Hôtel de Ville ou Stadhuis

Pour moi, c’est le joyau de Leuven qui domine Grote Markt. Les travaux de ce bâtiment gothique tardif ont été lancés en 1439 et dureront 30 ans. Trois architectes se succèdent pendant sa construction. Ses six tourelles en dentelle de pierre sont là pour bien le différencier de l’hôtel de ville de Bruxelles qui est antérieur et qui n’a qu’une seule tour. La façade est peuplée de 236 statues de personnes, dont Napoléon, qui ont compté dans l’histoire de Leuven, réalisées par vingt sculpteurs de… 1850 au début du XXème siècle.

Profusion de scultptures sur la façade du Stadhuis de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Jusque là, les niches ménagées dans la façade étaient restées vides. On peut visiter le grand hall d’entrée, des salons en enfilage et salle gothique où se tient le conseil municipal. L’Hôtel de Ville a traversé les deux Guerres mondiales sont trop souffrir. Lors de la Première Guerre mondiale, il est occupé par la Kommandantur. Il ne souffre pas de l’incendie qui ravage la ville et au cours de la Seconde Guerre mondiale il est effleuré par une bombe des alliés qui n’explose pas.

Sint-Pieterskerk

Vaste église gothique, Sint-Pieterskerk a accueilli Mozart venu y jouer de l’orgue alors qu’il avait sept ans. Elle peut s’enorgueillir d’un trésor et de la « Dernière cène » de Dirk Bouts, primitif flamand, auquel la Confrérie du Saint-Sacrement avait passé commande. Le contrat a été conservé.

L’église Sint-Pieterskerk à Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Dirk Bouts ne devait commencer aucun autre tableau tant qu’il n’avait pas terminé ce triptyque. La chaire est aussi extraordinaire et foisonne de sculptures. Achetée en 1807 par Louvain, elle représentait à l’arrière Saint-Augustin qui fut transformé en Saint-Pierre grâce à l’ajout d’un coq.

Détail de la chaire de l’église Sint-Pieterskerk à Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

La chaire pouvait ainsi trôner dans cette église vouée à Saint-Pierre sans discordance. L’une de ses façades pourrait sembler massive et manquer de hauteur. Des tours et des flèches étaient prévues mais le manque de stabilité du terrain a fait avorter les différentes tentatives.

Oude Markt

Cette grande place rectangulaire est bordée de cafés, de restaurants et de brasseries en tous genres où l’on peut goûter la boisson nationale, d’où son surnom, « le plus long comptoir d’Europe ».

Perspective du Oude Markt de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Leuven revendique fièrement le titre de capitale mondiale de la bière.

Le Oude Markt de Leuven est bordé de cafés et de restaurants.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

La bibliothèque universitaire

La bibliothèque universitaire de Leuven était partie en fumée avec tous ses ouvrages rares au cours de la Première Guerre mondiale.

Cartouche sur la façade de la Bibliothèque universitaire de Leuven représentant l’incendie de la bibliothèque d’origine.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

 La nouvelle bibliothèque fut reconstruite de 1921 à 1928 avec l’aide financière des américains par l’architecte américain Whitney Warren qui a participé, entre autres, à la conception de Grand Central Station à New York.

La Bibliothèque universitaire de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

D’autres pays ont aussi participé à la renaissance du bâtiment et leurs symboles figurent tout autour de ce bâtiment de style Renaissance flamande.

Le coq gaulois installé sur l’un des pignons de la Bibliothèque universitaire de Leuven. Il figure parmi d’autres animaux, symboles des différents pays qui ont apporté leur aide pour reconstruire la Bibliothèque universitaire de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Cette bibliothèque a dû être restaurée car elle a subi les assauts allemands en 1940.

Salle de lecture de la Bibliothèque universitaire de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Impressionnante de l’extérieur, elle est dotée d’une magnifique salle de lecture habillée de bois blond, superbement sculpté.

Lion sculpté pour terminer la rampe de la salle de lecture de la Bibliothèque universitaire de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Je suis montée dans la tour, un petit exercice physique que je ne regrette. A chaque étage des panneaux expliquent l’histoire de la bibliothèque et de la ville et tout en haut, le panorama est grandiose.

Totem

Face à la bibliothèque, place Mgr. Ladeuzeplein, un scarabée est embroché sur une gigantesque aiguille de 23 mètres.

Totem, une création de Jan Fabre à Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Cette œuvre a été commandée à Jan Fabre par l’Université de Louvain, en 2005 à l’occasion de son 575e anniversaire, pour l’offrir à la ville de Leuven.

Le Grand Béguinage

Pas étonnant que le Grand Béguinage fondé vers 1205 fasse partie du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998.

L’une des rues du Grand Béguinage de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Cet ensemble en briques rouges et en grès constitue –en tout 81 bâtiments- une véritable parenthèse, hors du monde et de son agitation.

Des bâtiments du Grand Béguinage de Leuven face à un jardin engazonné.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Un ruisseau traverse le Grand Béguinage de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

S’il n’est plus réservé aux femmes pieuses célibataires, il reste un havre de paix. Petites maisons de rêve, rues qui serpentent, jardins parfaitement entretenus, cours d’eau apaisant, j’aurais aimé pouvoir y flâner plus longtemps pour m’imprégner de son atmosphère.

Pompe sur une petite place du Grand Béguinage de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Ambiance champêtre et paisible du Grand Béguinage de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Le Grand Béguinage a été racheté par l’Université de Leuven qui l’a restauré durant une vingtaine d’années à partir de 1964 pour y loger étudiants, enseignants et chercheurs étrangers.

Une vigne court le long d’un bâtiment du Grand Béguinage de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Les nouveautés culturelles

M-Museum

Le M-Museum sous sa forme actuelle est tout nouveau puisqu’il a été inauguré le 11 juin 2017. Il est issu du musée municipal Vander Kelen-Mertens, nom d’un ancien maire de Leuven dont il occupe l’hôtel particulier et qui fut donné à la ville par son fils. L’extension de 2009 par Stéphane Beel a amené un vent de modernité.

Fontaine à vin du M-Museum de Leuven conservée à sa place d’origine. Elle était alimentée depuis la cave. L’ancien propriétaire étant un négociant en vin, l’utilisait lorsqu’il recevait.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Mais la métamorphose n’a été complète qu’avec sa réouverture au printemps après cinq mois de fermeture pour fêter son centenaire. Ce musée riche de 52.000 œuvres et documents du Moyen-Âge à nos jours a fait sa révolution à cette occasion et aborde sa mission d’une tout autre manière.

Richesse du papier recouvrant les murs d’un salon du M-Museum de Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

La volonté est de faire découvrir l’art et les œuvres du musée en organisant des expositions thématiques afin de faire tourner les fonds qui ne sont, pour partie, jamais montrés. L’objectif est d’éveiller la curiosité des visiteurs, de faire dialoguer l’ancien et le moderne. M-Museum travaille avec l’Université sur des sujets tels que la façon dont les visiteurs regardent les œuvres, il est aussi en relation avec l’hôpital universitaire pour scanner les sculptures et arriver éventuellement à les attribuer à un sculpteur.

Parcum

Parcum est le tout dernier musée de Leuven inauguré le 25 novembre 2017 avec l’exposition « A côté du monde, images de retraite et de libération». Consacré à l’art et à la religion, ce musée, pour sa première présentation, s’est intéressé à la représentation par l’image de la vie monacale et au thème de l’enfermement, de la réclusion au travers d’œuvres variées mais aussi d’objets.

Ciseaux utilisés pour la tonsure des moines figurant dans la première exposition de Parcum à Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Et il y a derrière cette réalisation le renouveau de l’ensemble de l’Abbaye du Parc dont les travaux menés par la ville de Leuven devraient durer jusqu’en 2020 pour le cloître, le réfectoire et la bibliothèque et 2025 pour l’abbaye.

Eglise de l’Abbaye du Parc de Leuven et bâtiment du musée Parcum.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Cette abbaye qui existe depuis 1129, fondée par les Norbertins ou Prémontrés, est dans sa configuration actuelle depuis le début du XVIIIème siècle. Fermée en 1797, lors de la période française à l’occasion de la Révolution, au XIXème, elle se trouve amputée d’une bonne partie de son territoire et ne dispose plus «que » de 42 hectares au lieu de 3 500 hectares auparavant.

Cloitre de l’Abbaye du Parc à Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Elle s’appauvrit, ce qui l’oblige à vendre ses somptueux vitraux, 41 en tout, réalisés par Jean de Caumont au XVIIème siècle pour habiller les fenêtres donnant sur le cloître.

Détail des fenêtres du cloître de l’Abbaye du Parc qui vont bientôt retrouver les vitraux dont elles étaient ornées.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Dispersés aux Etats-Unis, ils ont été localisés pour la plupart et une vingtaine d’entre eux au moins devraient reprendre leur place en 2020. En revanche, les stucs de Christian Hansche réalisés à la même époque pour les plafonds du réfectoire et de la bibliothèque sont restés en place.

Plafond en stuc de la bibliothèque de l’Abbaye du Parc à Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

La richesse des décors et leur profondeur, jusqu’à 50 cm, sont impressionnantes.

Le chocolat

Peut-on se rendre en Belgique sans céder aux tentations du chocolat ? A Leuven, Bittersweet tient le haut du pavé. Ces chocolats faits main se plaisent à jouer avec les saveurs et les formes les plus variées. Noix de coco, lavande, spéculos, framboise/vanille/betterave, praliné, safran/vanille, beurre de noisette, caramel/fleur de sel, chili/cacahuète, gin/cardamone, citron vert/basilic, bergamote/thé sencha, fruits de la passion, carotte/gingembre, whisky ou absinthe pour les goûts. Ils peuvent prendre la forme d’un bouda, d’un nuage, d’une tête de mort ou d’un rocher.

Mon hôtel à Leuven

Le Martin’s Klooster Hôtel occupe un bâtiment classé Monument historique depuis 1947. Une jolie bâtisse, dans une rue calme mais à quelques pas seulement de Grote Markt et Oude Markt. L’endroit est idéal pour se ressourcer après une visite intensive. Cette « maison » du XVIème siècle en brique et en grès a appartenu à Guy Morillon, secrétaire de Charles V, a rencontré Erasmus à Paris et a entretenu une correspondance avec ce dernier. Guy Morillon était une personnalité importante et il est représenté sur la façade de l’hôtel de ville.

L’hôtel Martin’s Klooster à Leuven.
Photo : City Breaks AAA+, Claude Mandraut.

Après avoir été achetée en 1870 par les sœurs augustines qui l’ont d’abord transformée en hôpital, la Maison Morillon qui a pâti des bombardements au cours des deux Guerres Mondiales est finalement devenue le Martin’s Klooster Hôtel. L’établissement cultive une atmosphère feutrée, bien en accord avec l’histoire des bâtiments avec le confort contemporain. J’ai apprécié ma chambre spacieuse, la décoration sobre à base de rouge et de noir, le confort du grand lit et la bouilloire pour préparer un café ou un thé. La salle de bains, grand format elle aussi, est dotée d’une baignoire à remous ainsi que d’une cabine de douche. La salle de restaurant et de petits-déjeuners donne sur le jardin intérieur. Un petit regret par rapport au niveau de l’hôtel, que le jus d’orange ne soit pas pressé frais.

Aller à Leuven

Depuis Bordeaux, Easyjet propose des vols directs vers Bruxelles. La gare souterraine de l’aéroport permet de rallier Leuven en moins de quinze minutes.

Ce reportage a été effectué grâce à l’aide de l’Office du Tourisme de la Flandre et l’Office du Tourisme de Leuven.