L'association Détours des Mondes propose le mardi 7 novembre une conférence sur le thème du regard de la Science sur les objets en terre cuite d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud.
Celle-ci sera réalisée par E. Vartanian & C. Roque - Laboratoire Re.S.Artes.
"Jusqu’au début des années 2000, la contribution de la science à l’authentification des objets en terre cuite a reposé presque exclusivement sur la réalisation de tests d’ancienneté par thermoluminescence. L’objectif était de déterminer à quelle période le matériau avait été cuit à une température supérieure à 500°C, correspondant au moment de la mise en forme de l’objet. Cette approche a permis de détecter de nombreux faux, imitant des styles anciens mais fabriqués dans la seconde moitié du XXème siècle. Des études de cas concernant des productions d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie viennent illustrer la démarche expérimentale mise en œuvre, du prélèvement à l’interprétation des courbes de thermoluminescence.
Aujourd’hui, les techniques des faussaires se sont perfectionnées afin de contourner les analyses scientifiques. L’objectif est de fabriquer des objets à partir de fragments de terre cuite ancienne recyclés. Dans ce cas, le test de thermoluminescence confirme l’ancienneté de la dernière cuisson du matériau, mais il n’est plus suffisant pour attester de l’authenticité de l’objet. C’est pourquoi l‘observation de sa structure interne est devenue une approche complémentaire indispensable.
Jusque-là réservée à la mise en évidence de l’état de conservation des œuvres et à la cartographie de zones de restauration, l’imagerie scientifique (radiographie X, scanner) contribue aujourd’hui à révéler les techniques des faussaires. On constate qu’elles diffèrent selon les productions considérées. En effet, les objets faux de style africain sont réalisés souvent à partir d’une âme en terre cuite ancienne sur laquelle les reliefs extérieurs sont modelés à l’aide d’argile séchée, alors que les objets imitant les styles asiatiques sont plus fréquemment des assemblages de fragments de briques cuites retaillées. Des exemples viennent illustrer ces modes de fabrication frauduleux.
Finalement, le regard de la science sur les objets en terre cuite se doit d’évoluer en même temps que le perfectionnement des techniques des faussaires. Cela suppose d’adopter au cas par cas une démarche à la fois rigoureuse et critique et de rester en alerte sur les pratiques en cours, en concertation avec les acteurs du Marché de l’Art".
Texte et Photo : © RE.S.ARTES.
Cf. http://www.res-artes.com/techniques/datation/thermoluminescenceosl/