Crise de 6 ans : je ne la reconnais plus

Publié le 31 octobre 2017 par Encoreunblogdemere

On m’avait prévenu pour le terrible 2, le terrific 3… Mais la crise des 6 ans, on en parle ? Récit de maman parfois démunie devant son enfant qui grandit.

Quand on me demande si mes enfants sont « sages » (l’enfant sage, apparemment le graal de tout parent), je réponds toujours que ma grande est calme et que c’est la petite qui me met le plus souvent en difficulté. Et c’est un peu vrai : depuis sa naissance, Miniloute a été exigeante, en souffrance, en demande d’attention et on essaie de s’adapter tout en ayant aussi nos faiblesses et nos limites. Tandis que sa grande soeur nous a habitués à une tranquillité relative en grandissant harmonieusement sans heurts. Et c’est là que ça coince : déjà parce que pour grandir un enfant a généralement besoin de s’opposer, de passer par des phases un peu dures comme le fameux terrible two, ensuite parce que nous n’avions pas l’habitude de gérer ce genre de « crises » avec elle.

Il y a bien eu le cap des 3 ans et surtout la naissance de sa petite soeur, qui a été vraiment difficile à base de cris, de hurlements et de je-me-roule-par-terre-et-on-ne-peut-pas-m-approcher, mais au final ça a duré 3 semaines… Et ce n’était pas si difficile avec le recul. Même la « crise des 2 ans » a été soft avec Liloute et du coup nous pensions que tout irait comme sur des roulettes avec elle.

Erreur.

Parce que ma grande est une enfant comme les autres, mais surtout une grande sensible qui intériorise beaucoup. Parce qu’elle a quand même du changer d’école, d’environnement, parce qu’elle évolue et apprend énormément depuis l’entrée en CP. Et parce qu’à 6 ans, elle quitte la petite enfance et doit se sentir coincée entre son envie d’être encore un peu petite, celle d’être une grande et la peur de grandir un peu sans doute. Pas facile quand on se met à sa place…

Depuis quelques semaines, je ne reconnais plus ma fille. Enfin, par moments… Elle répond à tout ce que je lui dis, n’écoute plus, s’oppose constamment, râle, crie, tient notre regard et sourit (voire se marre) quand on hausse le ton. Elle s’éloigne et je n’arrive plus à l’atteindre parfois, du moins j’en ai l’impression. Et quand j’en parle, ça me fait penser à la crise d’adolescence, en version mini bien sûr, mais ça me rappelle ça. Ce passage, cette fois je le vis dans la peau de la maman (et dieu sait comme je comprends la mienne et comme elle a du souffrir -parce que je suis beaucoup moins calme et empathique que ma Liloute-)

La première réaction serait de s’indigner et de s’énerver face à ce « manque de respect ». Et j’avoue c’est ce qui arrive très souvent : je perds mon calme, je me sens agressée, moquée, diminuée, mais surtout je la sens s’éloigner et je ne sais plus comment gérer ses crises. Alors je me trouve démunie, perdue, et je réponds par les cris et l’agressivité. Les vieux réflexes… Elle n’obéit pas, elle doit écouter, c’est moi qui commande, elle va me cracher dessus si ça continue ! J’aimerais pouvoir prendre du recul plus souvent, pour ne pas arriver à l’escalade de colère et de hurlements. Mais je suis humaine et fatiguée, j’ai aussi un enfant de 3 ans qui n’est pas non plus « facile » et surtout les vacances scolaires mettent mes nerfs à rude épreuve.

Je ne me cherche pas d’excuses, mais en tant qu’être humain j’ai moi aussi mes défauts. Et bien souvent les crises de ma grande se terminent dans les cris et les larmes. Mais pas toujours.

« Maman tu sais quand on se discute (pour disputer), je ne comprends pas pourquoi tu cries. »
« Maman quand tu cries je suis triste et en colère. »
« Maman des fois j’ai peur de toi. »

Et la dernière phrase me glace le sang à mon tour. Je n’ai pas envie d’inspirer la peur à mes enfants, juste l’amour et le respect. C’est surement une utopie selon certains, mais pour moi ça ne peut se gagner ou se garder qu’en montrant l’exemple. En étant agressive je lui apprends à l’être et surtout, je culpabilise et je me torture encore plus. La fameuse culpabilité qui poursuit les parents jour et nuit…

Alors oui, la crise de 6 ans, si on peut l’appeler comme ça, c’est difficile. Chez nous, Liloute est parfois complètement à l’opposé de l’enfant que je connais : elle devient exigeante, impatiente, colérique, difficile à comprendre dans ces moments là. Ce qui demande un peu plus d’efforts, voire beaucoup plus quand il est 18h et que tu tentes de travailler et occuper les enfants qui ont crié toute la journée et qui sont présentement en train de courir en hurlant dans le salon depuis 20 minutes.

Et j’avoue j’ai peur qu’elle « reste comme ça », qu’elle ne redevienne plus la Liloute que je connais, j’ai peur de la perdre, d’abimer notre relation. Ce qui n’améliore pas mes réactions.

Heureusement il y a ces instants de grâce où elle me parle, exprime ses émotions, me prend dans ses bras et redevient ma grande… Ma grande qui grandit justement, qui a toujours besoin de moi mais à qui je dois laisser de l’espace. A qui je dois faire confiance, face à qui parfois je devrais lâcher prise, respirer, prendre du recul et revenir plus compréhensive et à même de l’aider à traverser ces crises.

Je me connais et je sais que je n’y arriverai pas tout le temps. Il faut l’accepter et faire de mon mieux…

« Maman, tu sais, en fait, moi je t’aime tout le temps. » Et moi aussi, tellement…