Still life est traduit, en français, par Nature morte. D’une langue à l’autre, vie et mort se croisent, l’adjectif et le nom forment un chiasme. Qu’en est-il quand il s’agit de peinture ?
Ici, on ne pouvait pas voir les corbeilles de fruits, les bouquets disposés sur des tables, montrant l’intérieur d’une habitation. C’étaient des visages, parfois traversés de mots, des corps, squelette dans un geste d’ouverture ou femme nue prenant appui sur le sol, parfois même inscrite au bord de la rivière sous forme de rochers arrondis par le mouvement de l’eau.
« Luxe, calme et volupté », écrivait Baudelaire et d’autres mots encore : « - Ah ! Seigneur ! donnez-moi la force et le courage / De contempler mon coeur et mon corps sans dégoût ! »
Devant ces regards, ces lèvres, ces peaux, ces os, je suis resté longtemps. Les mots du poète tournaient dans ma tête. Et toutes ces images n’en faisaient qu’une et cela m’étonnait tant elles étaient différentes. Était-ce d’être au sous-sol, seul au milieu d’elles ? Ou cette impression était-elle due à la personnalité de celle qui les avait choisies ? Sans doute un peu des deux.
Et j’y voyais une quête de l’intériorité, exhumée, offerte.
Artiste Ouvrier
Agathon
Cette exposition était présentée à la galerie 15 Saint Benoît à Paris, du 12 au 26 octobre 2017.