L'immigration est le sujet central de ... Nicolas Sarkozy pour ses 6 mois de présidence européenne.
"J'ai un coeur, peut-être pas forcément le même que le vôtre. En tout cas il est à la même place: à gauche, comme tous les êtres humains".Son intervention à France 3 lundi 30 juin l'a révélé volontaire et surtout attentif aux sorts des ... Français ("En m'occupant d'Europe, je m'occuperai d'eux") : pêcheurs, automobilistes et autres routiers (*), inquiets de l'Europe,
"Ca ne va pas du tout. L'Europe inquiète et, pire, je trouve, peu à peu nos concitoyens se demandent si finalement l'échelon national n'est pas mieux à même de les protéger que l'échelon européen"Mais son cheval de bataille reste l'immigration. Il a 6 mois pour convaincre ses partenaires de le suivre.
Le sujet ne présente pourtant AUCUNE urgence; l'Espagne a cessé ses régularisations massives de clandestins; l'Italie de Berlusconi est partisane de mesures plus dures qu'en France à l'encontre des immigrés. Les autres pays sont davantage préoccupés par la crise économique et financière. Pourquoi cet empressement ?
En faisant adopter au niveau européen un pacte inspiré de sa politique d'immigration choisie et d'expulsions quantifiées, il contraint par avance ses successeurs français. Mais surtout, un pacte européen le dégagerait de l'opprobre éthique qui le frappe en France sur ce sujet: tests ADN, expulsions de familles, rétention et grèves de la faim, les éclats sont nombreux. Sarkozy veut montrer qu'il n'est pas seul en Europe; que tout cela est "normal."
La présidence Française de l'Union Européenne est ainsi avant tout un enjeu de normalisation ... de la politique française.
Lundi 30 juin, Challenges publiait la seconde version du "Pacte européen del'immigration et de l'asile"que Brice Hortefeux défendra dans les mois à venir. Le magazine note un changement majeur par rapport à la première version qui a circulé ces derniers mois dans les capitales européennes : la France a dû faire quelques compromis mais place toujours la lutte contre l'immigration clandestine au cœur de son pacte.
Encadrer les régularisations
Le texte prévoit "d’écarter les régularisations générales et inconditionnelles pour se limiter à l’avenir à des régularisations au cas par cas, à titre exceptionnel, dans le cadre des législations nationales, pour des motifs humanitaires ou économiques".
En d'autres termes, les régularisations possibles sont très encadrées. L'Espagne a récemment refusé de soutenir cette proposition française, pour deux raisons : primo, elle refuse de déjuger ses régularisations massives de 2005; secundo, elle ne veut pas décourager l'immigration dont sa croissance économique a tant besoin. "Ces dix dernières années, la croissance espagnole s'est nourrie de l'apport de quelque 7 millions d'immigrés légaux" rappelle LE FIGARO du 30 juin.
Choisir ses immigrés
Paris persiste dans sa volonté de généraliser l'immigration choisie. Le texte invite ainsi "les Etats membres à mettre en placedans le respect de la préférence communautaire, avec les moyens qui leur paraissent les plus appropriés, des politiques d’immigration professionnelle qui tiennent compte des besoins de leur marché du travail ."
Contrôler les entréesLe texte prévoit aussi la généralisation des visas biométriques avant le 1er janvier 2012, l'interopérabilité des systèmes de contrôle, et notamment la mise en place d'un enregistrement électronique des entrées et sorties. Afin d'éviter les "trous," la France appelle à la création d'une procédure d'asile unique au niveau européen au plus tard en 2012. Mais
Pour satisfaire nos voisins, Brice Hortefeux a retiré de son projet la mise en place d'un "contrat d'intégration" que tout immigré auraît dû signer en arrivant en Europe (sur le modèle Français), tout comme la création d'un "Office européen des demandeurs d'asile."
(*) Ces derniers avaient organisé 300 km de bouchons en France ce même lundi pour protester contre la hausse du prix du gasoil.