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Pour avoir croisé le Ministre de la Transition Ecologique dans une autre vie, je crois pouvoir dire que l’homme est exigeant, attentif et cohérent avec lui-même. C’est heureux car il va avoir besoin de ces traits de personnalité dans les mois qui viennent. Au moment où s’ouvre le mois de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire), modèle qui abrite les formes les plus pertinentes d’initiatives vouées à la transition écologique, s’amoncèlent de nombreux nuages qui obscurcissent la conscience de la terre. Sans revenir sur les premières semonces en forme de TAFTA ou de CETA (accords commerciaux avec les USA et le Canada), il n’est qu’à se souvenir de l’émoi suscité par la décision de la Région Ile de France consistant à couper quasiment les vivres à l’agriculture biologique. Les tenants d’une agriculture raisonnée, de la permaculture et autres défenseurs des terres agricoles fertiles, sont montés au créneau, dans une indifférence désolante. Ce premier pas de clerc a fait école, incitant d’autres collectivités à emboiter le pas, menaçant ainsi l’existence d’AMAP et de nombreuses exploitations à la taille humaine. Après ce premier ballon d’essai, comment s’étonner au moment de boucler la loi de finances pour 2018 de voir la biodiversité passer sous le tapis. A cet égard une tribune publiée dans LES ECHOS est salutaire. Signée entre autres par la présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), chère au cœur du Ministre, elle révèle une nouvelle atteinte aux comportements vertueux que laissait espérer le vote de la loi portant sur la reconquête de la biodiversité. Il s’agit ni plus ni moins que de diminuer voir tarir les moyens dont disposent les agences de l’eau à dire souverain des bassins concernés. Mais pour tous ceux et celles qui connaissent nos crédos et nos proximités le comble a sans doute été atteint par notre Ministre de l’Agriculture qui proclame sans rire qu’interdire le glyphosate c’est porter atteinte à l’agroécologie. J’invite ici le Ministre de la Transition Ecologique a convier son collègue a quelques cours du soir. Il est probable que P RAHBI et les animateurs de TERRE ET HUMANISME, comme nous, sont restés sans voix. Voilà un Ministre en charge de l’agriculture qui ose prétendre que l’agroécologie a besoin de MONSANTO et BAYER réunis. Conception bien curieuse et inquiétante de la gestion écologique de l’espace, marque de fabrique d’une agroécologie responsable ! Comme dirait le sapeur camembert, passées les bornes il n’y a plus de limites. Il convient donc de surveiller avec attention un gouvernement qui compte en ses rangs de tels experts. A l’inverse, l’économie circulaire constitue bien un sujet majeur qu’il convient de vulgariser car ce concept colle parfaitement à la nouvelle donne mondiale, qui implique l’économie de la ressource et la promotion et le soutien des produits les plus vertueux dotés d’une traçabilité sans faille. Belle feuille de route, pour un Ministre impliqué, et en toute hypothèse en ce mois de l(‘ESS, pour un mouvement citoyen conscient des enjeux. R HASSELMANN