Éric Woerth, une première fois, a été mêlé à l’affaire Bettencourt. Il a fallu le silence maîtrisé de certains témoins pour empêcher les juges d’instruction de le traduire devant le tribunal correctionnel faute de preuve, autrement dit faute d’aveu de ceux ou celles qui ont fait passer les enveloppes kraft remplies de billets ou qui ont vu les manigances. M. Woerth s’est vanté d’avoir été blanchi. Et donc d’être innocent. C’est plus compliqué que cela quand on lit les attendus de l’ordonnance dans laquelle les juges n’épargnent pas les copains de Sarkozy puisque finalement le bénéficiaire potentiel était bien le candidat Sarkozy.
Alors quand j’ai entendu, il y a 48 heures, M. Woerth, ancien trésorier de l’UMP, affirmer qu’en 2007, « si certains membres de l’équipe de campagne avaient été payés en liquide, c’est parce que des donateurs anonymes avaient adressé cet argent au parti par la poste ! » j’ai éclaté de rire. Car de quoi s’agit-il ? De l’affaire du financement libyen de la campagne, encore lui, de Sarkozy. Les juges chargés d’instruire cet éventuel délit remontent lentement mais sûrement jusqu’aux protagonistes de ce qui serait un véritable scandale d’Etat, d’autant plus que Sarkozy a été élu ! Qui croira, en effet, que des sommes importantes en espèces ont transité par notre réseau postal ? Qui va gober une affirmation pareille ? Éric Woerth, habitué à se sortir de situations scabreuses, n’a trouvé que cette solution pour expliquer l’inexplicable. Si ça marche, chapeau l’artiste ! Mais les juges ne sont pas tous dupes.