Ce petit texte vient se rajouter à ceux déjà postés par ma très chère Sorceulleuse (voir « De la Divination 2 : ce qui m’y a mené » et « De la Divination 3 : l’Oracle »). Enrichie de la lecture de « Histoire des magies », je reviens sur mes bases en matière de tarologie. Comme le dit très justement Seligmann, au contraire de l’astrologue qui se repose sur de savants calculs, le cartomancien lui développe son intuition, au travers du support pictural. Le Tarot (comme la Boule de Cristal) permet de stimuler la sensibilité de l’opérateur.
L’ancêtre de ce jeu apparaît au XIV siècle ; le premier exemplaire presque complet (seules 4 cartes manquent à l’appel) est le tarot princier des Visconti, aux environs de 1420. Certains ont voulut donner des origines plus anciennes encore au Tarot, le faisant remonter jusqu’à l’antiquité (pour Gébelin, il nous viendrait l’ancienne Egypte) mais en l’état actuel de nos connaissances, rien ne permet d’affirmer cela. Au fond, peu importe. Ce qui est fascinant c’est la façon dont ce jeu s’est répandu au travers de l’Europe entière et qu’il soit toujours utilisé de nos jours. Bien sûr certains occultistes ont bien tenté de le modifier au grès de leurs fantaisies, mais au final, les jeux actuels sont assez proches des arcanes médiévales.
Cependant, on peut noter quelques différences intéressantes. Par exemple, il semble que sur la carte XVIII, ce n’était point un chien et un loup qui hurlaient à la Lune, mais deux astrologues qui posaient là. Et nous en arrivons au cœur des atouts : les 22 cartes sont appelées « l’Homme », puisque c’est de lui, de ses désirs, de ses craintes, de ses activités… dont il s’agit. Les deux seules lames où des figures purement anthropomorphiques (je compte parmi elles la Mort et le Diable) sont absentes sont la Lune, dont nous venons de parler, et la Roue de Fortune. Dans ce deuxième cas encore, les animaux, un signe, un chien et un sphinx, caricaturent des humains.
Le Tarot semble tout dédié à aux méandres de nos vies et de nos psychés, et la raison probable pour laquelle il a survécu sous cette forme (originale ou presque) est qu’il a su brosser des archétypes toujours efficaces. Sa puissance évocatrice a traversé les siècles. Comme la très justement souligné Séléane les Tarots sont généralement plus « indépendants » que les Oracles ; sans doute est-ce lié à leur âge vénérable et à un système d’interprétation codifié depuis des lustres. Et, au bout d’un certain nombre de tirage, ces archétypes majeurs remontent jusqu’à notre conscience.
Comme tous les débutants j’ai tendance à me reposer sur les annexes plutôt qu’à me laisser porter par les images (avec plutôt de bons résultats
par ailleurs). De cette manière, je compte sur l’interprétation de gens bien plus qualifiés que moi. C’est sans doute une erreur. Si revenir à ces carnets dans un premier temps permet à la
débutante que je suis de me conforter, je devrai à présent m’extraire de ces analyses externes, revenir à chaque lame, observer et chercher à comprendre les différents symboles, jusqu’à en
intégrer les clefs magiques. L’étape suivante pourrait alors être de créer mon propre Tarot (hybris quand tu nous tiens), en meilleure résonance avec moi-même (je rêve de me débarrasser du
« Diable » que je trouve trop chrétien pour lui trouver un autre équivalent). Mais ne suis-je déjà pas modelé par ce jeu ancien ? N’existe-t-il pas un risque de se couper d’une
source majeure d’inspiration ? A tester je dirai. De toute façon travailler sur un système symbolique personnel n’est jamais un temps perdu et rien ne m’empêche de revenir à mon jeu de
Marseille. Je finirai ce soir par cet extrait de Seligmann : "Les figures du tarots sont stéréotypées, mais ce qu'elles suggèrent est un mouvement incessant. Elles n'expriment pas une doctrine
établies (...). Au contraire, elles nous libèrent de tels liens."