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Et comme la nature humaine ne nous déçoit pratiquement jamais, cela n’a pas loupé! Permettez-moi de me citer: "Ne reprochons pas aux femmes leur délation, ultime solution face à une société sourde". Une société sourde comme l’est la portugaise où deux juges ont condamné à une peine plus que légère - 15 mois de prison avec sursis et une amende de 1.750€ - un mari qui, découvrant qu’il était cocu et brandissant tel un étendard sa dignité et son honneur bafoués, a kidnappé, séquestré et frappé sa femme avec une batte cloutée. Mieux encore, la victime avait été dénoncée par son amant qu’elle avait abandonné et qui était allé pleurer dans les jupons du cornard avec lequel il avait monté le guet-apens. Cela ne serait pas si pathétique, on en rirait de bêtise. Il y a un siècle et demi, cela aurait pu être la trame d’un vaudeville écrit par Feydeau ou Labiche, aujourd’hui, c’est tout juste affligeant. Car pour que l’histoire fût drôle, il aurait évidemment fallu que la femme ne soit pas battue, qu’elle ne soit pas taxée "d’immoralité sexuelle" par deux magistrats citant la Bible et une loi de 1886… Grande époque justement où fleurissaient les vaudevilles!
Le message porté par ses deux juges, dont l’un est si j’ose dire un récidiviste puisqu’il a une réputation qui le précède contre les femmes adultères, est simple: l’impunité face aux violences faites aux femmes qui osent porter plainte. On ne le redira jamais assez, il est déjà difficile de se poser en tant que victime et de décrire les faits à des inconnus mais si en plus, la justice donne raison aux agresseurs, que faire? Que faire lorsque l’on ne peut pas avoir confiance dans la justice? Le message est tout aussi dangereux. Que ceux qui sont choqués par les campagnes actuelles de délation sur les réseaux sociaux se posent la question.
Qu’il est dur pour une société d’évoluer. Qu’il est dur de ne pas avoir peur du changement. Concernant l’écriture inclusive, l’Académie française s’est prononcée et ce n’est pas juste un cri d’alarme que la vénérable institution a émis mais un véritable anathème en parlant de péril mortel. Pourtant la question n’est pas de savoir si cette écriture est illisible ou pas, si cette énième réforme sera appliquée ou non. La question est de donner ou plutôt semble-t-il redonner la place qui est due aux femmes dans la langue. Des réformes du français, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Tout au long des siècles, la langue a évolué. La question est plutôt de savoir comment nos académiciens qui n’ont que 4% de femmes dans leur rang, détenteurs proclamés de l’autorité langagière, envisagent de redonner sa place légitime au féminin dans la langue, ignorant volontairement le rôle politique de celle-ci dans la représentation des femmes dans une société.
Comme trop souvent les questions ne sont pas les bonnes ou tout simplement mal posées. Regardez le cas de la Catalogne. Si vous écoutez le chef du gouvernement espagnol vous entendrez les mots: obéissance, rébellion, refus, destitution, sédition, etc… La Catalogne et les Catalans favorables à l’indépendance ne sont pas des enfants ni des rebelles. Ce sont des citoyens exprimant leur avis qui en effet ne va pas dans le sens de l’autorité madrilène. C’est leur droit et si les uns et les autres encore une fois pouvaient dépasser la relation de rapports de force pour entrer dans celle du dialogue, seule possible, ce serait une bonne chose.