Raqqa, la ville syrienne que les démons de Daech avait porté au statut de fief, vient d’être libérée.
L’Etat islamique n’y fera plus régner la terreur à coup de décapitations ou d’infinies tortures perpétrées dans les vestiaires du stade municipal.
La ville est libérée du drapeau noir, symbole de l’obscurantisme, des répressions et exécutions arbitraires. Les dernières poches de résistance ont fini par céder sous le pilonnage des forces coalisées et sous l’assaut des forces démocratiques syriennes (FDS), arabo-kurdes.
Oui la ville est libérée du djihadisme meurtrier mais son visage n’est que désolation. Le gris domine, celui de béton qui jonche les rues dans un amoncellement de gravats. Des squelettes d'immeubles présente leur béance éplorée. Des corps s’y putréfient, la pestilence s’installe. Il faudra des années pour redonner à la citer sa vitalité et son esthétisme d’antan.
Il n’empêche. La vie reprend ses droits. Dans la cour d'une maison de Jazra, quartier périphérique à l’ouest de la ville, hommes et femmes dansent et se trémoussent sur une musique folklorique pour célébrer le mariage d’Ahmad et de Heba.
Il pourrait bien s’agir là du premier mariage célébré dans la ville ravagée depuis l'éviction du groupe ultra radical Etat islamique (EI) le 17 octobre, après trois ans de contrôle impitoyable.
Un vieillard entame un mawal, poème chanté sans musique, tandis que des femmes poussent des youyous d’allégresse. Les danses folkloriques s’improvisent spontanément sous la rythmique des derbakés, instruments à percussion orientaux. La vie reprend dans les visages souriants, dans le khôl qui noircit les paupières, dans les bracelets colorés, dans les déhanchements féminins enfin émancipés de la cruelle tutelle.
Raqqa, en jeune fiancée, vient de se marier avec la plus jolie page blanche de son histoire… Raqqa à pas d’espoir reprend sa douche marche Vers la résurrection au milieu des gravats De l’enfant doucereux au noble patriarche Le cœur de blanc s’habille et d’allégresse bat
La ville veut s’élever des oripeaux funèbres Carcasses de béton où vit la pestilence Corps en putréfaction au milieu des ténèbres Les mouches ont seul accès à troubler le silence
Raqqa à pas d’amour reprend l’élan de vie Mais dans les souvenirs flottent encore la noirceur Les décapitations, la torture et la nuit Qu’apportaient les démons en bouquets de terreur.
La ville aura payé sous les bombardements La rançon des lauriers à chasser les bourreaux Ces damnés de l’Islam épris de châtiments Et qui laissent minés tant de quartiers vitaux.
Raqqa voit revenir les oiseaux du soleil Dans le ciel dégagé de tout nuage gris Une douce lumière dans les yeux qui s’éveillent Des étoiles sereines dans les regards épris.
Heba, blanche mariée sourit à l’existence Ahmad à ses côtés de fierté se grandit Jazra n’est plus qu’amour au cœur de l’espérance Les mawals et youyous se rapproprient la vie
Raqqa à pas de vie sort des nuits de l’immonde Sur l’abîme infini vibrent les derbakés Les chants qui se marient d’allégresse féconde Le bonheur qui revient au fil des mélopées…