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Haute fille de canne et de coquelicot

Par Vertuchou

D'abord, fuyante ceinture,
l'orbite d'or de son allure,
le monde frais de son rire,
la verte, la métallique
innocence des ses yeux.
L'aimais-je ? On ne le sait jamais.
Mais dans les nuits timides,
dans les nuées perdues et somnambules,
son nom résonnait
comme une étoile fixe en la pénombre.
La distance devint
la longueur d'un soupir.
Oh! la terrestre angoisse,
oh! la soudaineté
du lointain et des neiges!
Ai-je souffert ? On ne le sait jamais.
Mais dans les soirées tristes,
l'insistance familière de l'angélus,
à l'heure du vol taciturne
des hiboux, des chauves-souris,
je la voyais comme en un simple songe.
Et voici qu'à la fin, le vent,
et voici que le vent,
à la fin, me la rend.
Je l'avais dans mes bras
et je la caressais
durant un éclair tiède.
J'ai touché ses mains lentes,
la fleur bicéphale du sein, l'eau
de sa luxure augurale... Maintenant,
toi, la bonne espérance,
toi, la douce maîtresse
du feu et de la danse,
haute fille de canne et de coquelicot,
je sais bien maintenant
que je souffre et je t'aime.

Nicolas Guillén

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