sans espoir, sans amour et sans dieu.

Par Jmlire

" Je suis mélancolique et profondément sceptique, ce qui ne semble pas relever uniquement de la philosophie. Par nature, j'ai tendance à me juger indigne et quelquefois coupable, et fondamentalement je n'adhère pas à tout ce cirque qui entoure l'existence, à cette obligation incessante de réussite. Mon développement émotionnel m'apparaît inachevé, ce qui explique le vide que je porte en moi ( dans les régions du cœur et de l'âme). J'ai surtout - et mes personnages plus encore que moi - un gros problème avec l'amour : on ne me l'a pas appris, car on ne me l'a pas montré en exemple ( ce qui m'a amené à me construire tardivement, de façon erratique ). Mon travail, pour l'heure, s'ingénie à témoigner d'un monde sans espoir, sans amour et sans dieu, tel qu'il m'a été donné de le découvrir ; ce qui s'apparente - je veux bien l'admettre - à une forme de no future, de nihilisme. Oui. Et paradoxalement, dans le même temps, mon travail a valeur de profession de foi. Je crois à la puissance du Verbe, à son pouvoir de résilience. Oui. Je crois à la poésie et au roman, à la littérature, et - par extension - à la musique et à toutes les formes d'art qui nous élèvent au-dessus de notre condition. ( chaque émotion nouvelle venant combler un interstice demeuré vacant)."

Patrick Varetz : extrait d'entretien pour Le Matricule des Anges n°180, Février 2017. https://www.humanite.fr/patrick-varetz-brosse-le-portrait-reussi-dun-homme-inacheve-635018 http://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/110114/patrick-varetz-dans-le-mille http://next.liberation.fr/livres/2012/05/02/bebe-en-verbe_815875