Je dois vous avouer que j’ai mis pas mal de temps à écrire cette chronique. Sans doute le temps de digérer ma lecture et de voir la série qui est adaptée du livre pour pouvoir vous faire une petite analyse comparative.
Avant l’engouement pour ce livre dû à la création de la série et à sa promotion par l’actrice Emma Watson dans le cadre de son club de lecture féministe, je ne connaissais pas Margaret Atwood. Néanmoins, j’ai lu tant d’avis poignants à propos de ce livre qu’il était plus que temps que je remédie à cela en me faisant ma propre opinion.
Le livre : « La servante écarlate »
Crédit photo : Samsha Tavernier
L’auteure : Margaret Atwood est une romancière, poétesse et critique littéraire canadienne. Après avoir reçu la médaille E. J. Pratt pour son recueil de poème « Double Perséphone » (1961), elle poursuit ses études à Harvard, avant d’enseigner au sein de plusieurs prestigieuses universités.Le Prix Arthur C. Clarke lui a été décerné en 1987 pour son roman « La Servante écarlate » (1985). Le livre a été adapté au cinéma par Volker Schlöndorff en 1990 et fait désormais l’objet d’une série télévisée. Margaret Atwood a également remporté le Booker Prize en 2000 pour son roman « Le Tueur aveugle ».
Pour la suivre c’est ici.
Le résumé : « Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté. »
Mon avis : Autant briser le suspense tout de suite j’ai aimé ma lecture sans pour autant l’adorer. Je pense que je me suis attendue à un véritable coup de cœur ou du moins un énorme choc et ces hautes expectatives ont provoqué une légère déception.
Mais avant de vous expliquer les raisons du comment, je peux vous dire que la plume de Margaret Atwood est magnifique. L’auteure manie les mots à la perfection, emploi de très belles métaphores filées tout en subtilité : une véritable prose que l’on lit avec délice !
J’ai dévoré la première partie du roman et dès le début de ma lecture je me suis dit « je sens que je vais aimé » et puis … l’attente s’est installée. C’est principalement ce que je reproche à la « Servante écarlate » : sa longueur. On met pas mal de temps avant de comprendre (par le biais de flash back) comment les protagonistes en sont arrivés à cette situation. Il est vrai qu’il est plus percutant de prendre entièrement conscience du nouveau modèle sociétal (car l’on se dit que ça ne nous arrivera jamais) avant de comprendre la relation de cause à effet terriblement proche de notre situation actuelle (Est-ce qu’on pourrait vraiment en venir là ?), mais c’est tout de même un peu trop long selon moi.
Une bonne partie de l’histoire se perd dans les tergiversations de Defred et cela m’a un peu lassée. Encore une fois je comprends le choix de Margaret Atwood : nous faire ressentir l’ennui, le vide que constitue cette vie de servante rouge, mais après plusieurs chapitres, on a envie d’un peu plus d’action. Ce qui finit par arriver en dernière partie du roman (quantitativement assez courte par rapport au reste du roman), et là, je ne pouvais plus lâcher le livre jusqu’à cette dernière page que j’ai tourné et retourné en me disant que non ce n’était pas humainement possible que cela se termine de la sorte. Cela m’a littéralement fait l’effet d’un choc ! Heureusement qu’il y a une sorte d’épilogue : piètre remède mais remède tout de même. Je n’en dis pas plus pour vous laisser la surprise.
En tout cas l’idée est brillante, j’ai aimé (tout en étant effrayée) lire sur cette société où les femmes sont des utérus sur pattes dont la seule utilité est « d’accomplir leur destin biologique ». Malheureusement, cette histoire nous rappelle que la place des femmes est loin d’être garantie. L’histoire de Margaret Atwood fait douloureusement écho à tous les extrémismes religieux, aux mentalités rétrogrades, au harcèlement de rue, au fait que les jeunes générations soient de moins en moins ouvertes à la liberté des femmes, aux inégalités sociales et à tous les propos rapportés y compris dans nos sociétés occidentales qu’on prétend si évoluées en la matière… Bref ça fait réellement réfléchir et rien que pour ça tout le monde devrait lire ce livre ou voir son adaptation télévisuelle.
En parlant de la série, je l’ai trouvé vraiment très bien. Fidèle à l’univers créé par Margaret Atwood malgré certaines distorsions qui rendent justement l’intrigue plus vivante et les personnages plus attachants. Les scénaristes ont su trouver le bon rythme (celui qui me manquait dans le livre) pour nous rendre addicts à la série. J’ai également apprécié retrouver une BO rock n’roll et tous ces éléments modernes (voitures, tablettes, Smartphone, cinéma, grande surface…) qui nous rappelle que, malgré cette société en apparence archaïque, les faits se déroulent à notre époque (ce qu’on a parfois tendance à oublier dans le livre tant les choses nous semblent irréelles). Le rendu n’en est que plus troublant.
Je pense pouvoir dire sans honte que j’ai préféré la série au roman même si les deux sont finalement assez complémentaires.
Et vous, vous avez lu la « Servante écarlate » ? Vous avez vu la série ? Etes vous tentés ?