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idées courtes #23

Publié le 28 octobre 2017 par Laurentnoel

Propositions aux logisticiens des expositions : instaurer couloirs d’attente et horaires réservés aux fous furieux de l’image numérique qui photographient les bras tendus et au pas de course chaque toile puis immédiatement son cartel (« on regardera ça à la maison »), sans jeter le moindre coup d’œil direct à l’œuvre et en bousculant sans vergogne les pauvres types dans mon genre qui aimeraient profiter calmement d’un temps de conversation silencieuse avec la peinture et son auteur. Ou bien, à l’instar d’un vestiaire obligatoire pour les porteurs de sacs à dos, imposer le dépôt des téléphones, tablettes ou appareils photo avant toute visite. Il se pourrait que non seulement le calme revienne, mais que les files d’attente diminuent considérablement.
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L’artiste a les mains dedans, le philosophe la tête ailleurs.
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Conversation : interrompre son interlocuteur, c’est avoir la prétentieuse certitude que ce que l’on a à dire a plus d’importance que la parole offerte. Pour ma part, je pencherais pour l’alternance, le va et vient, avec une inclination supplémentaire pour réserver un silence ponctué entre l’un et l’autre, entre le va et le vient, une courte marche de l’esprit d’escalier, un temps vivant de réflexion pour un meilleur rebond des mots : conversation.
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Du minimum vital au minimum létal, une existence fragile.
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— Vous pêchez quoi ?— De la solitude et du silence, et jusqu’à maintenant ça mordait.
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Se sent-on mieux dans sa peau lorsqu’elle est tatouée ?  *
Conversation : interrompre son interlocuteur, c’est avoir la prétentieuse certitude que ce que l’on a à dire a plus d’importance que la parole offerte. Avouons que c’est parfois le cas.
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Je viens de commencer la lecture d’un livre qui ne m’est pas tombé des mains. Je l’ai jeté par terre.
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— À quoi penses-tu ?— Ce à quoi je pense m’appartient, figure-toi, et je ne suis pas prêteur.
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Un gros bavard, ou l’adipeux qui (pourtant) parle beaucoup.
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Dans un appartement de location, la tapisserie de la salle de bain était rehaussée d’une frise de mots peints au pochoir, aux couleurs légères, sur un rythme dansant : douceur, plaisir, sourire, sérénité, amour, bonheur, calme, détente, rêve, joie, quiétude, amitié. Ils se répétaient aléatoirement tout autour de la pièce sans que l’œil ne puisse jamais les éviter. Malgré la brièveté du séjour, ma mémoire les a fixés et depuis ils me hantent, ne me lâchent plus, ni la nuit ni le jour. Je suis devenu nerveux, agité, violent, tendu, agressif, angoissé, j’ai perdu mes amours et mes amis, ces mots hurlent et s’entrechoquent dans mes cauchemars. Je viens de laisser sur le site Airbnb un commentaire pour alerter les internautes voyageurs.  
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En matière de comportement d’ours mal léché, j’ai trouvé mon maître : Cézanne. Mais si nous parlions peinture ?
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La cigale cymbalise, l’alouette grisolle, le bouc béguète, et le chat-huant nous vilipende.
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À moi, peintre anosmique définitif, le droguiste ne sachant pas propose du white spirit sans odeur.
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Plusieurs groupes d’écoliers dans une grande exposition : bruit, cris, galopades, brouhaha aigu, les enseignants qui tentent de se faire entendre en haussant le ton, etc. Le tout augmenté et massifié par la résonance de l’espace.Pourquoi, avant d’expliquer le cubisme aux enfants, oublie-t-on de leur apprendre le silence de la peinture ?
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—Pas de souci ! répond le peintre. (Mais d’où sort-il, celui là ?)
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Entendu : « faut voir à l’usure »
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Pour revenir aux insupportables et dangereux photographieursnumériques, compulsifs et surnuméraires encombrant les expositions, se comportant comme s’ils étaient seuls au monde, davantage fascinés par le bidule hi-tech qu’ils ont en main(s) (dont la carte-mémoire n’avalera que la surface et qu’ils ne digèreront sans doute jamais) que par la pauvre toile pendue devant eux, il semble que le « concentré de technologie » qu’ils tiennent à bout de bras en s’y accrochant désespérément les vide de leur propre faculté de concentration devant la réalité de la peinture et du monde qu’elle propose d’ouvrir. Se rendent-ils compte que, dans leur objet transitionnel, ils n’emporteront jamais l’âme de l’œuvre ?
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Lucidité : même le plus sombre de nos existences devient très clair.
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On me montre, pour avis, une photographie d’un portrait peint d’après une photographie.
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Le geste ridicule joint à la parole et figurant les guillemets (doigts crochus en mouvement vertical de chaque côté de la tête qui profère l’ineptie), est un signe de plus de l’anglicisation galopante. Car, pour être ici typographiquement correct, il faudrait en l’air dessiner des chevrons.
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Mon automne m’ennuie.
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Peindre ? Peut-être pour comprendre ce que n’est pas la peinture.

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