Les marchés émergents renouent avec leur rythme de croissance antérieur au choc pétrolier

Publié le 26 octobre 2017 par Vincentpaes
les marchés émergents ont été directement confrontés à la baisse des prix des matières premières qui, à partir de mi-2014, a causé l’inflexion de la croissance économique dans ces pays. Selon Claudia Bernasconi, Economiste spécialiste des marchés émergents chez Swiss Life AM, ces économies sortent de ce cycle de ralentissement et la croissance s’oriente de façon très progressive vers ses niveaux antérieurs au choc pétrolier baissier. Les traditionnels ‘BRICS’ viennent d’ailleurs de sortir de récession. Le taux de croissance réelle du PIB des pays émergents avoisine aujourd’hui 5%, un niveau supérieur à celui des marchés développés, attestant du rôle clé joué par les pays du Sud pour l’activité économique mondiale. « Nous anticipons néanmoins une forme de plateau pour la croissance des émergents, la marge pour une accélération économique future étant limitée » précise-t-elle. Pour Jean-Joseph Boillot, Conseiller économique du club CEPII (Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales), la Chine est sortie de son super-cycle de croissance qui s’est étendu de 1980 à 2010. 

« Nous observons une transition vers un nouveau régime de croissance Sud-Sud : la Chine n’a plus besoin de pays émergents exclusivement importateurs de matières premières basiques, mais d’émergents qui ont une croissance endogène, des marchés dans lesquels elle peut investir des capitaux et vers lesquels elle peut exporter des biens infrastructurels et d’équipement ». La Chine a la nécessité de s’appuyer sur les économies émergentes pour s’assurer une croissance durable, dans la mesure où ses capacités de production, hors normes, ne peuvent pas être absorbées par son marché domestique national.
Autres articles Le redressement économique des derniers trimestres a été mécaniquement plus marqué chez les pays exportateurs de matières premières. « De façon assez cyclique, les pays exportateurs ont tiré la croissance des émergents ces derniers mois, au gré de la stabilisation des prix pétroliers » analyse Claudia BernasconiPlus globalement une réduction des déséquilibres macroéconomiques est observée dans l’ensemble des pays en développement. D’une part, les déficits courants ont reculé depuis 2013, en particulier dans les pays dont la situation budgétaire était fragile, comme l’Indonésie, le Brésil, l’Afrique du Sud ou la Turquie. D’autre part, les taux d’inflation qui étaient excessifs dans certaines économies ont fortement diminué. « Le taux d’inflation global des marchés émergents a atteint un point bas record mi-2017, ce qui a permis d’impulser un important cycle d’assouplissement monétaire »constate Claudia Bernasconi.
 
Dans ces conditions, les marchés émergents sont aujourd’hui mieux armés pour s’accommoder de la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis, d’autant que le resserrement monétaire de la Fed restera très graduel. « Nous anticipons en effet une hausse des taux de la Fed en décembre, puis trois en 2018. La hausse des taux longs obligataires sera progressive et les économies émergentes sont assez robustes pour ne pas en être pénalisées » indique-t-elle. La poursuite de la correction des déséquilibres budgétaires reste néanmoins nécessaire au sein des pays émergents, le déficit public demeurant par exemple encore important au Brésil, en Inde et en Colombie. En termes de stratégie d’investissement, l’équipe de Swiss Life Asset Managers continue de privilégier les obligations d’entreprises de catégorie Investment-Grade et libellées en devises fortes. « Sur les marchés obligataires émergents, ce segment a été le plus dynamique au cours des dernières années et présente plusieurs atouts. L’Investment-Grade en devises fortes offre une meilleure diversification et un risque de taux plus faible, en comparaison aux obligations souveraines émergentes » explique Rishabh Tiwari, Gérant du fonds Swiss Life Funds (LUX) - Bond Emerging Markets Corporates. De plus, la majorité des émetteurs de cet univers sont de grandes entreprises soumises aux lois internationales, contrairement aux émetteurs en devises locales.
 
Enfin, les titres de courte duration ont la préférence de l’équipe de gestion, pour la résistance qu’ils procurent au portefeuille en cas de hausse des taux d’intérêt. « Les durations courtes issues de l’Investment-Grade émergent sont attrayantes, avec en moyenne un rendement à maturité (yield to maturity) de 2,5%. Leur volatilité est plus faible, tandis que les drawdowns observés sur ces titres pendant les séquences de correction des marchés sont moins importants, en raison de risque de crédit et de risque de taux relativement bas » résume Rishabh Tiwari.