En additionnant ce montant aux 30 milliards de nouveaux achats mensuels que nous anticipons, le stimulus monétaire de la BCE pourrait donc atteindre 38 milliards d’euros par mois en début d’année 2018. Mario Draghi devrait en tout cas conserver un discours accommodant au cours de la réunion de jeudi, car la situation n’incite pas la BCE à se précipiter : si le risque de déflation a clairement disparu, l’inflation en zone euro reste toujours en-dessous de son objectif à long terme de 2% sur 12 mois. L’inflation pourrait même retomber aux alentours de 1% dans les prochains mois en raison de la réduction de certains effets de base. La BCE ne s’attend d’ailleurs pas à un retour de l’inflation au-dessus de 2% en zone euro avant 2019.
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Nous restons cependant confiants à ce sujet : les taux du high yield ont en effet de bonnes raisons fondamentales d’être à des niveaux aussi bas. Les taux de défaut sont très faibles, la croissance économique est au rendez-vous et de nombreuses entreprises bénéficient d’une amélioration de leurs notes d’emprunteurs attribuées par les agences de notation. Les investisseurs n’ont donc pas de raison de s’inquiéter des valorisations du segment high yield. Il est néanmoins évident que la vigilance reste de mise sur ce segment de marché par nature assez risqué. Hors Europe, un autre sujet nous semble particulièrement important pour les prochains mois : lasuccession à la présidence de la Fed. Le mandat de Janet Yellen se terminera en effet début février 2018, et l’avenir de la politique monétaire de la Banque centrale américaine dépendra de son successeur. Sur les marchés, les investisseurs semblent avoir bien intégré l’idée d’une hausse des taux de la Fed de 25 points de base en décembre 2017 mais n’ont pas intégré l’éventualité de trois hausses de taux supplémentaires en 2018 comme cela nous semble pourtant probable.
Il existe donc un risque que le successeur de Janet Yellen, qui pourrait être Jerome Powell ou John Taylor, adopte un ton moins accommodant que celui auquel les investisseurs se sont habitués. Les investisseurs pourraient donc prendre conscience à cette occasion que le mouvement de hausse des taux de la Fed devrait encore se poursuivre. Les marchés obligataires pourraient alors connaître un réajustement par rapport à leurs niveaux actuels. Nous resterons donc très attentifs à ce sujet.
A propos de l'auteur : Laurent Gonon est directeur de la gestion taux chez BFT Investment Managers.