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"Nos résultats documentent un déclin spectaculaire des insectes volants, de 76 % en moyenne et jusqu'à 82 % au milieu de l'été, dans les aires protégées allemandes, en seulement vingt-sept ans", écrivent Caspar Hallmann (de l'université Radboud au Pays-Bas) et les coauteurs de l'étude publiée le 18 octobre dans la revue en ligne Plos One.
Les scientifiques ont analysé les captures d'insectes réalisés de 1989 à 2016 " dans 63 zones de protection de la nature en Allemagne (96 combinaisons emplacement-année) pour déduire l'état et la tendance de l'entomofaune locale ". Leur constat est terrifiant.
" La perte de la diversité et de l'abondance des insectes devrait provoquer des effets en cascade sur les réseaux trophiques (ensemble des relations alimentaires entre espèces au sein d'une communauté NDLR) et mettre en péril les services écosystémiques ", préviennent-ils. Autrement dit, les disparitions d'insectes auront et ont déjà des répercussions inévitables sur d'autres espèces, notamment les plantes et les oiseaux. En effet, les insectes jouent un rôle majeur dans la reproduction des plantes par la pollinisation et forment un des socles de la chaine alimentaire animale.
Les néonicotinoïdes une fois de plus suspectés
Pour preuve, une étude tout aussi inquiétante publiée en novembre 2014 dans le journal scientifique Ecology Letters chiffre les disparitions d'oiseaux -dont beaucoup sont insectivores- à 421 millions en 30 ans, ce qui représente 20% d'une population totale d'un peu plus de 2 milliards d'oiseaux européens au début des années 80. Des écosystèmes entiers sont déjà perturbés.
D'où vient cet effondrement des populations d'insectes ? L'étude allemande estime que le réchauffement climatique serait plutôt favorable à ces espèces, il ne serait donc pas en cause. L'utilisation des terres agricoles (agrandissement incessant des parcelles, suppression des haies, comblement des fossés et des zones humides...) modifiant les caractéristiques de l'habitat des insectes ne suffisent à expliquer ce déclin global car les prélèvements ont eu lieu dans des zones naturelles protégées. Ce qui rend les résultats plus inquiétants encore.
Les soupçons de responsabilité se portent sur les pesticides, dans la disparition des insectes tout comme dans celle des oiseaux selon une étude parue en 2014 dans Nature. Plus particulièrement en cause : les insecticides néonicotinoïdes.
Les données allemandes concernant les insectes sont extrapolables au reste de l'Europe, les pratiques agricoles étant similaires dans de nombreux pays de ce continent, selon les auteurs de l'étude. Ils invitent à prendre en considération le déclin des insectes dans celui des autres espèces et dans le fonctionnement des écosystèmes dans le paysage européen. Car les services rendus à l'homme par les insectes et les écosystèmes sont considérables.
Anne-Françoise Roger