En ce moment, il semble que Séoul soit envahi par les distributeurs remplis de peluches. En Europe, vous connaissez sûrement ces machines à pinces que l'on trouve dans les espaces de jeux et les foires. Vous insérez de l'argent dans la machine et puis vous contrôlez la main mécanique pour pêcher des objets à l'intérieur d'une boîte en verre. Dans la plupart des cas, cet effort finit par l'échec. De telles machines nous conduit inexorablement à gaspiller notre argent et notre temps. Pourtant depuis quelques mois, en Corée du Sud, elles semblent être omniprésentes. Jouer avec les manettes de ces machines est une manie de plus en plus populaire chez les jeunes adultes. Ce comportement est lié aux achats compulsifs : comme ceux de craquer son argent pour de petits objets bon marché, des babioles, des bijoux fantaisies, d'entrer dans un café branché pour une tasse de café à 6 ou 7 euros. Rien de tout cela ne nous est vraiment nécessaire pour vivre. Et ces dépenses irrépressibles sont simplement liées à la recherche d'un plaisir instantané.
Le terme coréen qui exprime cette tendance à dépenser son argent dans des choses futiles est sibal biyong. Cette expression très vulgaire est composée du mot sibal (시발) signifiant merde, qui se combine avec biyong (비용) signifiant dépense. Cette expression apparue au début de cette année, désigne une dépense inévitable causée par le stress, une consommation au nom du divertissement pour se débarrasser du stress ou une façon de clamer son estime de soi à travers un petit achat alors que nous connaissons une situation de vie malheureuse.
Pour quelle raison cette expression est-elle apparue ?
Nous pourrions croire qu'elle prend son origine dans la crise économique. Les jeunes coréens d'aujourd'hui sont désignés sous le label de la génération N-po (엔포 세대) : terme venant du sino-coréen qui caractérise une génération incline aux abandons nombreux à cause de l'oppression sociale et des difficultés économiques. En France, il existe les générations X et Y, en Corée nous avons la génération N-po. La société semble pousser la jeunesse coréenne actuelle à renoncer au mariage, aux enfants et même à l'amour ! Sentiment qu'il leur est impossible de concevoir tant leur situation est catastrophique. Enfin, ces problèmes sociaux incitent à la culture d'une consommation de petite dimension. Quand les jeunes dépensent de l'argent pour des choses inutiles de manière compulsive, ils découvrent une sorte de joie, sentiment qui leur manque âprement dans la vie quotidienne. Ainsi, ils semblent n'avoir que le mot " YOLO " à la bouche. Yolo ? Une expression tirée de l'acronyme " You Only Live Once ". Tu ne vis qu'une fois représente le désir moderne que cette jeunesse en dérive qui aspire à vivre comme elle veut.
Les jeunes coréens n'arrivent pas à trouver de motifs suffisamment entraînant pour planifier leur avenir, et ils affirment qu'aucun plan réalisable n'existe. Par conséquent, ils décident de vivre en poursuivant un bonheur immédiat et des plaisirs instantannés. Par ailleurs, ces dépenses sans projet ne font qu'aggraver la pauvreté.
Il faudrait donc trouver des solutions comme la création d'emplois, un système d'accession au logement moins chère, l'invention de nouvelles opportunités économiques qui donneraient de l'espoir aux jeunes pour mettre fin à ce cercle vicieux.