L'armée russe subie des rossées en guerre, les usines ne sont plus assez productives à domicile, les réseau ferroviaire et la logistique sont inefficaces. Le gouvernement provisoire, depuis février, insiste pour que l'engagement dans la guerre continue, mais le vent est plus favorable au programme bolchévique qui a comme slogan la paix (difficile de faire plus anti-guerre), le pain et la terre. La guerre est fort impopulaire chez le peuple Russe. Et c'est la seconde partie du slogan qui fait écho: "...Tout le pouvoir aux Soviets!".
La crise économique n'a fait que plonger le pays dans le rouge depuis l'été. Une intense campagne de propagande en faveur des bolchéviste sévit à Petrograd.
Aleksandr Kerenski est président provisoire. Le général Kornilov, à l'origine de multiples réformes militaires, est soupçonné de vouloir renverser le gouvernement et de mettre en place une dictature militaire. Kerenski, face à la rumeur exige de l'aide de la garde rouge bolchévique. Leur donnant une extrême crédibilité. Le coup d'État n'aura pas lieu mais 7000 partisans et Kornilov seront arrêtés. Le gouvernement de Kerenski a toutefois été fragilisé. La voie aux Bolchéviques se trace dès septembre. Le soulèvement de Kornilov a sapé la confiance de la base de l'armée dans le gouvernement provisoire de Kerenski.
Lénine, dans la clandestinité, saisit immédiatement l'occasion de revenir sur le devant de la scène.
Les Bolchéviques sortent de leur semi-clandestinité. Les prisonniers politiques, dont Trostky sont libérés. Aucun soutien à Kerenski et contre Kornilov dira Lénine. Les masses se radicalisent. Ouvrier, soldats, syndicats, soviets se rangent du côté des Bolchéviques. Fin septembre, Leon Trostky est fait président des Bolchéviques.
Dans les campagnes, la propagande est fameuse. Tous les paysans sont gagné par la cause. Ils s'emparent des terres des seigneurs, sans attendre la réforme agraire promise. Pas toujours violentes, les paysans renouent avec la longue tradition des révoltes spontanées soviétiques.
Apprenant le nouveau partage des terres, les soldats impliqués dans la Première Guerre Mondiale désertent et reviennent en campagne, dont ils sont pour la plupart, originaires. Afin de prendre part aux redistributions. Les tranchées se vident.
Les Bolchéviques, qu'on qualifiait en été comme une insignifiante poignée de démagogues, contrôlent maintenant la majorité du pays. Il faut les prendre au sérieux.
Trotsky veut mettre de l'ordre dans le pouvoir diffus entre gouvernement provisoire, soviets des députés ouvriers et les délégués des soldats de Petrograd. Lénine & Trotsky convainquent leur troupe qu'il faille faire une insurrection. Prendre le contrôle absolu.
Un comité militaire révolutionnaire créé au sein du soviet de Petrograd est dirigé par Trotsky. Il regroupe ouvrier armés, soldats, marins. La préparation du coup est fait presque au vu et au su de tous. Les plans d'attaques sont même disponibles dans les journaux. Inconsciemment, Kerenski souhaite tout ça.
Le renversement se déroulera dans la nuit et se fera presque sans effusion de sang. Les gardes rouges prennent le contrôle des ponts, des gares, de la banque centrale, des centrales postales et téléphoniques avant de prendre d'assaut le palais d'hiver. Les films officiels rendent tout ça fort héroïque, mais la résistance était en vérité nulle. Seuls quelques bataillons. faibles, soutiennent le gouvernement provisoire. On ne dénombre que peu de morts. Rien ne semble changer en ville, les théâtres continuent de présenter leurs pièces, les tramways suivent leur horaire, les magasins sont ouverts, l'un des événements les plus importants du 20ème siècle, avec l'attention internationale sur la Première Guerre Mondiale en plus, se déroule dans une certaine indifférence.
La plupart des soviétiques ne voyait cet événement que comme une péripétie supplémentaire qui ne durerait pas.
Le soulèvement doit maintenant être ratifié par les masses. Le lendemain, Trotsky annonce la dissolution du gouvernement provisoire. Les Soviets ratifient la constitution d'un Conseil de commissaires du peuple intégralement constitué de bolchéviques, comme base du nouveau gouvernement.
Une nouvelle ère Soviétique, auquel on rêve encore là-bas avec un certain romantisme nostalgique et confus, naît.
Le fameux film Reds de Warren Beatty retraçant la vie de l'Étatsunien John Reed, raconte cette période.
Ça se passait dans la nuit d'aujourd'hui à demain, il y a 100 ans.
(dans la nuit du 7 au 8 novembre dans leur calendrier)
Faut pas croire tout ce que racontent les Russes là-dessus. C'était beaucoup moins spectaculaire qu'aujourd'hui raconté.