Caryl Férey revient sur son périple chilien dans « Chili, la diagonale du Condor », véritable genèse de son polar (photo d’archives Anthony Quindroit)
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Comme il l’expliquait déjà à Chili et carnets au moment de la sortie de son polar Condor, Caryl Férey a eu un peu de mal en arrivant au Chili. Après l’Argentine où il s’est senti bien plus à l’aise, la société néo-libérale chilienne l’a un peu refroidi.
- « Il y a un vrai contraste. Il y a une idée très dure de ce pays, avec ce néo-libéralisme sauvage, ce malaise social… Mais, géographiquement, c’est incroyable. Il y a une telle puissance géographique… C’est un des pays les plus beaux que j’ai visité. Et il y a cette jeunesse : au Chili, le seul espoir, ce sont les jeunes, c’est ce que je disais dans « Condor ». »
Ces contrastes, il les détaille – voire, les sublime – dans un très beau livre, annexe de son polar, Chili, la diagonale du Condor. Un ouvrage de copains, riche en photos, qui offre aux lecteurs les coulisses de la création d’un roman.
- « Lorsque je pars pour prendre le pouls d’un pays pour un roman, j’ai la chance de pouvoir emmener quelques amis [lire, sur ce sujet, Pourvu que ça brûle, son « autobiographie » précoce, NDLR]. Je me disais qu’il était dommage de n’avoir rien fait sur notre voyage en Argentine. Là, au Chili, mon ami photographe Romain Tanguy était là ainsi que deux amis musiciens. L’idée était que chacun ramène de la matière… La suite dépendait du voyage. »
Il semble avoir été prolifique : la sortie de Condor s’est accompagnée de la pièce musicale Condor live avec les deux zicos et, donc, de ce road book.
- « On ne savait pas comment ça se passerait. Finalement, le voyage a apporté quelque chose à tout le monde. On fait le grand chelem ! »
De la poussière de l’Atacama aux territoires mapuches du sud, en passant par Santiago et ses quartiers abandonnés, le voyage se fait au rythme des rencontres qui peuvent modifier complètement la donne. L’auteur a une trame mais ne s’interdit pas une bonne dose d’improvisation parfois provoquée, parfois complètement inopinée. Comme cette scène, au poste de police de la Victoria où l’équipée se rend après que l’un d’entre-eux ait été dépouillé sous la menace d’une arme… Ou, plus poétique, cette rencontre avec cette maison qui deviendra le refuge d’Esteban, son personnage principal…
Dans Chili, la diagonale du Condor, il règle aussi quelques comptes avec ce qui le révulse.
- « Il y a un côté plus documentaire, oui. Le roman doit rester romanesque et ma propre voix passe après. Le roman, pour moi, n’est pas fait pour être militant. Là, je raconte ce qui me frappe moi, en tant qu’homme. Pas en tant qu’auteur. Ce que j’ai pris dans la gueule. »
Cette découverte donne envie à la fois de se rendre (de retourner ?) au Chili et de se replonger dans Condor en connaissant l’envers du décor.
De là à penser que Caryl Férey réitérera l’exercice en Colombie, où se situe son prochain polar voyageur ? Pas sûr…
- « Je n’y suis allé qu’une fois pour l’instant. Le prochain voyage, pour être au cœur du pays, ce sera sûrement en septembre 2018. Il faut encore réfléchir, voir ce que l’on peut ramener du voyage… En tout cas, les amis sont partants ! Et c’est sympa de faire un truc pas tout seul ! »
Un peu de patience donc. Même si le nom Férey ne va pas disparaître des vitrines des libraires : un nouveau livre, « plus européen », sort en février. Il y sera question de pétrolier, de disparition, de zones de non droit, de réfugiés… Un polar dans lequel Mc Cash, le personnage qu’il aime à retrouver de temps en temps, devra encore ouvrir l’œil, forcément…
« Chili, la diagonale du Condor »
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