- il faut d'abord apprendre à entendre, en général, un mobile ou un motif,
- il faut le percevoir, le distinguer avant de le conjuguer avec notre propre vie ;
- puis il faut un effort et de la bonne volonté pour le supporter, malgré son étrangeté, pour avoir de la patience à l'égard de son aspect et de son expression, de la bonté pour son caractère singulier ;
- enfin arrive le moment où nous nous sommes habitués à lui, où nous l'attendons, où nous pressentons qu'il nous manquerait s'il faisait défaut ;
- et maintenant il continue à exercer sa liberté et son charme au point que nous soyons devenus des amants armés ou sans armes, qui ne veulent rien de mieux au monde que ce motif et encore ce motif et encore ce motif.
- mais il n'en est pas ainsi seulement de la musique : c'est exactement de la même façon que nous apprenons à aimer les êtres que nous aimons...les plus étranges comme les plus étrangers.
- Tout compte fait, nous sommes toujours récompensés de notre bonne volonté, de notre patience, de notre équité, de notre douceur à l'égard de l'étranger, lorsque pour nous, l'étranger écarte lentement son voile et se présente comme une nouvelle et indicible beauté :
- c'est sa façon de nous remercier pour notre hospitalité.
De même celui qui s'aime soi-même aura appris à s'aimer par cette voie-là : il n'y en a pas d'autre. L'amour aussi, il faut l'apprendre.