Initialement prévue pour fin août, la version physique de Music For People In Trouble n’est arrivée que début septembre. Les fans de la chanteuse n’auront sûrement pas attendu avant de se jeter sur la version numérique.
Évidemment, Susanne Sundfør est reine en son pays depuis ses débuts, chacun de ses disques se retrouvant désormais numéro 1 chez elle dès leur sortie. Pour son cinquième album studio, la Norvégienne a malgré tout eu la lourde tâche de devoir se remettre du succès critique colossal de son album de 2015, le somptueux Ten Love Songs. Si The Brothel lui avait ouvert de nombreuses portes en dehors de sa terre natale, ce fut définitivement ce dernier qui la fit percer enfin pour obtenir une renommée internationale aussi méritée que retentissante.
Aussi se rend-on compte d’emblée que l’ambiance diffère de son prédécesseur… Les sonorités électronique (mises en exergue, entre autres, par des collaborations avec Anthony »M83 » Gonzalez et avec Röyksopp) cèdent amplement du terrain à un univers glacé parfois, brumeux souvent.
Pour autant, s’il est un élément indélébile et immuable, c’est bien la voix de Susanne Sundfør. Dès les premières secondes du liminaire « Mantra », l’intimité envahit l’espace tout autour de nous. Malgré tout, comme le suggèrent les crédits, grand piano, synthétiseur, guitare acoustique et programmation sont autant d’autres éléments qu’elle maîtrise parfaitement. Sur ce nouvel album, donc, l’artiste norvégienne utilise de façon bouleversante sa voix, laquelle semblait quelques fois un peu trop mise en avant par le passé. Ici, tout est millimétré, calibré, et la moindre vibration est d’une justesse et une efficacité terrifiantes. La beauté à l’état pur, comme en atteste également la photographie du livret dont elle est auteure. Et les thématiques abordées (« Reincarnation », « The sound of war »…) se marient à merveille avec chant et orchestration.
De même, son collaborateur de longue date Jørgen Træen assure une autre grande partie du travail, que ce soit derrière différents instruments, à la programmation, au mixage, à la production (aux côtés de la chanteuse), ou encore aux arrangements et, pour la toute première fois, à la co-écriture (en l’occurrence, sur l’instrumentale « Music for people in trouble »).
Remarquons la discrète participation du chanteur américain John Grant (ex-The Czars) sur « Mountaineers », celles du Texan Jesse Chandler (de Midlake), des artistes jazz norvégiens Jon Balke, Gard Nilssen et Andre Roligheten et du Suédois Frans Petter Eldh (ces trois derniers au sein de la Gard Nilssen’s Acoustic Unity), de l’Américain Greg Leisz, Megan Kovacs au kanklés, Eric Johan Bringsvor, ainsi que les spoken words d’Andres Roberts et Lewis Sebastian Kay-Thatcher pour, respectivement, les introductions de « Music for people in trouble » et « The golden age ».
Sans dévoiler dvantage de détails, Music For People In Trouble annonce clairement la couleur, et ses dix chansons sont aussi belles qu’apaisantes. Ainsi, après le très électronique et vivifiant Ten Love Songs, la chaleur automnale de ce nouvel opus risque une nouvelle fois de faire parler de Susanne Sundfør pendant de très longs mois. Ce sera le cas pour nous, cependant je crains fort que les critiques ne lui accordent qu’une oreille distraite et ne l’oublient. Je m’en vais de ce pas m’installer auprès du feu d’une douce cheminée…
Personnellement, il me faudra du temps pour me remettre, par exemple, de la splendeur de « No one believes in love anymore ».
(in heepro.wordpress.com, le 23/10/2017)
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