La fin de la solitude de Benedict Wells

Par Hamisoitil @lecturedehamik
QUATRIÈME DE COUVERTURE 

Jules n'a rien en commun avec ses frères et soeurs, Marty et Liz. Rien à part le tragique accident de voiture en France où ils passent toutes leurs vacances qui leur ôtent très jeunes leurs parents. Jules devient alors un loup solitaire. Jusqu'au jour où il rencontre la mystérieuse Alva, avec ses cheveux roux et ses lunettes en écailles. Elle sera son seul et unique amour. Les années passent. Mais le passé sera toujours là pour les rattraper.
  • Broché: 285 pages
  • Editeur : Slatkine et cie 
  • Date de sortie : 24 août 2017
  • Prix : 20.00 € (papier)
  • *SERVICE DE PRESSE


MON AVIS :
Il est venu lui-même dans ma chambre et il a voulu me parler, mais j'ai refusé en silence. Peu après, le taxi est arrivé et j'ai entendu la porte d'entrée se refermer. Plus tard, je n'ai jamais rien pu  ajouter au <<Je te déteste >> et c'est donc la dernière chose que j'ai dite à mon père avant sa mort. 
La fin de la solitude est l'histoire de Jules Moreau, le narrateur, dernier d'une fratrie, qui se retrouve allongé dans son lit d’hôpital, suite à un accident de moto. A cet instant, il ressasse sa vie, cette enfance brisée à l'age de sept ans, marquée par la mort de ses parents, qui, après ce drame, a du aller en internat avec son frère et sa soeur. C'est également là-bas, qu'il fait la connaissance de sa meilleure amie, Alva. Dès les premières pages, on rentre dans l'intimité de cette famille ordinaire et heureuse, avec les tracas de la vie, les disputes des enfants, d'une mère extraordinaire aimant la belle musique, ou de ce père peu bavard, presque mystérieux. Cette partie est très touchante et reflète  bien la vie  d'une famille normale. Puis arrive l'accident de voiture causant la mort des parents, le tronc solide de cette maison, éclatant tous les repères des enfants.
Comment vivre, évoluer, grandir  dans un monde où les autres ne connaissent pas ta souffrance, ton manque, tes peurs ? Le coeur se sert parce que la situation dans laquelle vont vivre les trois enfants, chacun à leur façon va être douloureuse et en même temps très, très intéressante à suivre sur plusieurs décennies. Nous avons d'un côté, Liz, très jolie, frivole, qui a du mal à gérer son statut d’aîné, il y a Marty, le deuxième, complètement absorbé par ses études, et Jules, plus ou moins oublié par ses aînés, face à sa solitude. Alors quand arrive Alva, cette  rousse, avec ses secrets, tous les deux se rapprochent et ne  se quittent plus pendant cette période d'internat. Mais cette solitude est bien réelle et les quelques brides du passé vont les mener sur des chemins différents, au point de se perdre de vue...
En me plongeant dans cette lecture, beaucoup de choses  sont remontées à la surface. Certains passages m'ont fait réaliser  mon propre deuil, malgré plus de vingt-ans écoulés, mais avec des souvenirs bien ancrés en moi. J'ai du apprendre, moi aussi,  à vivre après la perte de mon père assassiné, étant plus jeune, et trouver ma place dans un monde qui ne comprenait /supposait pas mon mal-être... C'est pour toutes ces raisons que je me suis  sentie si  proche  des personnages, de Jules et de Liz, même si la situation est bien différente.  J'ai compris leurs pensées, leur solitude, que je vis moi-même au quotidien malgré ma vie de famille, et ce besoin de parler, de me confier.
Benedict Wells met en avant les liens familiaux avant et après la perte des parents, et le devenir des enfants, en s’orientant sur la psychologie des personnages, par les étapes de la vie, et  la construction de soi, jusqu'à l'age adulte ;  mais rien n'est triste, ici, juste un chouia mélancolique, par moments (même si la fin est tristement belle). Tout est amené avec justesse et délicatesse avec à la clé beaucoup d'émotions,  une belle amitié, et l'amour avec un grand  A.
Touchant, percutant, avec une plume profonde et  poétique, ce livre est  une belle claque littéraire qu'il faut savourer, doucement, pour mieux apprécier l'ensemble ! Je vous recommande !


MA NOTE :