Attends-moi

Publié le 22 octobre 2017 par Adtraviata

Si tu m’attends, je reviendrai,

Mais attends-moi très fort.

Attends, quand la pluie jaune

Apporte la tristesse,

Attends quand la neige tournoie,

Attends quand triomphe l’été

Attends quand le passé s’oublie

Et qu’on n’ attend plus les autres.

Attends quand des pays lointains

Il ne viendra plus de courrier,

Attends, lorsque seront lassés

Ceux qui avec toi attendaient.

Si tu m’attends, je reviendrai.

Ne leur pardonne pas, à ceux

Qui vont trouver les mots pour dire

Qu’est venu le temps de l’oubli.

Et s’ils croient, mon fils et ma mère,

S’ils croient, que je ne suis plus,

Si les amis las de m’attendre

Viennent s’asseoir auprès du feu,

Et s’ils portent un toast funèbre

A la mémoire de mon âme…

Attends. Attends et avec eux

refuse de lever ton verre.

Si tu m’attends, je reviendrai

En dépit de toutes les morts.

Et qui ne m’a pas attendu

Peut bien dire : « C’est de la veine ».

Ceux qui ne m’ont pas attendu

D’où le comprendraient-ils, comment

En plein milieu du feu,

Ton attente

M’a sauvé.

Comment j’ai survécu, seuls toi et moi

Nous le saurons,

C’est bien simple, tu auras su m’attendre, comme personne.

Constantin SIMONOV (1915-1979)

En ce mois d’octobre à l’Est j’ai repensé à ce poème utilisé par Claude Lelouch dans son film Les uns et les autres. J’ai découvert en cherchant ce texte que Simonov était un poète apprécié par Staline, mais cela ne l’empêche pas de parler de la guerre avec sensibilité…


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