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Lundi 16 octobre 2017, Carles Puigdemont a refusé de prendre clairement position sur l’indépendance de la Catalogne déclarant alors "vouloir fixer un délai de deux mois pour dialoguer". Il avait alors jusqu'à jeudi 19 octobre 10 heures pour donner une réponse claire sur le statut à donner à la région, ce qu'il n'a pas fait. Mariano Rajoy s’autorise donc désormais à avoir recours à l’article 155 de la Constitution: une nouvelle procédure inédite qui permettrait la mise sous tutelle de la région du nord de l’Espagne. En réaction, le chef du gouvernement catalan menace à son tour de déclarer l'indépendance de la Catalogne si Mariano Rajoy met à exécution cet article de la Constitution.
Au milieu de cette crise politique, de nombreux étudiants ont leur(s) mot(s) à dire sur la situation que traverse leur pays actuellement. Installé à Paris pour l’année, Maria, étudiante en LEA native de Barcelone nous explique: "C’est très étonnant de suivre l’enfoncement dans la crise de notre pays depuis l’étranger. C’est dur de ne pas être là bas pour afficher son soutien à la cause que l’on défend. Ici en France je me sens un petit peu inutile. Les médias en parle beaucoup, et le point positif c’est de pouvoir suivre cette crise politique avec le point de vue d’un pays étranger, un peu comme ce que fait "le courrier internationale". Cela permet de prendre plus de hauteur et de réfléchir sur mon souhait de voir la Catalogne indépendante".
Dans le duel d’hommes forts qui oppose Carles Puigdemont à Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol a offert une première victoire aux Catalans: celles des images. L’Europe entière a en effet pu suivre avec consternation les violences policières dont les indépendantistes ont été victimes le jour du referendum. "C’est vraiment incroyable de voir la répression policière qui a eu lieu lors de celui-ci. Je suis clairement contre l’indépendance de la Catalogne, mais ce que j’ai vu ce jour-là m’a donné envie de défendre les séparatistes. À Paris, je vis dans une colocation avec deux Français et un Anglais, et nous sommes tous du même avis", confie Juan, étudiant espagnol venu dans la capitale française dans le cadre d’un échange Erasmus. S’il s’agissait d’élire la grande perdante de cette crise politique, l’unité démocratique de l’Espagne en sortirait probablement largement vainqueur.
Alors que le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker déclarait récemment que "la violence ne pouvait jamais être un instrument en politique", sonnant comme un rappel à l’ordre pour monsieur Rajoy, certains étudiants s’inquiètent des conséquences que cette crise pourrait avoir sur le projet européen.
D’abord le Brexit l’an passé, puis maintenant la Catalogne. Et qu'en sera-t-il de la Corse ou de l’Écosse dans les années à venir? "J’ai peur que la crise qui sévit actuellement dans notre pays aboutisse à une lente dislocation de l’Europe", explique Mathéos, étudiant franco-espagnol de 23 ans natif de Catalogne.
Mais selon Juan "nous sommes tout de même dans une époque où la raison devrait l’emporter sur la passion de certains à remettre des frontières. Et si l’Europe arrivait à se servir de cette crise pour se renforcer?".