Le titre de ce billet est un brin provocateur, puisque tout le monde (enfin je l'espère) connaît la réponse. Et pourtant, un sentiment diffus de confiance s'est emparé des marchés actions, qui voguent de sommets en sommets alors même que l'économie réelle n'est encore que convalescente et que le travail est ravagé par la perte de sens...
Évolution des indices boursiers
Tout d'abord, rappelons que l’indice CAC 40 – calculé toutes les 15 secondes – regroupe les actions des 40 sociétés les plus capitalisées de la Bourse de Paris (Airbus, Carrefour, Orange, Total…) et permet ainsi de suivre l’évolution tendancielle du marché des actions sur la place de Paris. Le graphique ci-dessous nous montre que depuis la crise de 2008, le marché des actions en France a régulièrement progressé et tutoie à nouveau les sommets :
[ Source : Boursorama.com ]
Aux États-Unis, pays d'où est partie la crise, l'évolution est encore plus impressionnante pour l'indice S&P 500 :
[ Source : Boursorama.com ]
On croirait même qu'il n'y a jamais eu de crise en 2007...
Évolution des bénéfices des entreprises du CAC 40
Rien qu'au premier semestre de cette année, les bénéfices des entreprises du CAC 40 ont bondi de plus de 25 % pour atteindre 52 milliards d'euros contre 41 milliards l'année dernière au même moment !
[ Source : Les Échos ]
En matière de dividendes, on obtient cela :
[ Source : Les Échos ]
Une bulle en formation (aux États-Unis) ?
Bref, au royaume des boursicoteurs tout semble allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf qu'à ces niveaux de valorisation des actions, il devient difficile d'imaginer encore une forte progression, d'autant que l'économie réelle américaine n'est pas au diapason. En effet, la croissance des États-Unis ralentit et il est probable que l'économie américaine ait déjà atteint le haut de son cycle, comme le montre le tassement des commandes de biens durables, le recul de la construction immobilière, etc.
De plus, les profits des entreprises américaines après taxes, intérêts et dividendes reculent, ce qui est à l'évidence très défavorable aux cours des actions :
[ Source : Natixis ]
Il semblerait que les cours des actions aux États-Unis soient tirés par les rachats et acquisitions, ce qui laisse alors à penser qu'on est face à une bulle sur les actions. C'est ce que montre d'ailleurs le ratio de Shiller, qui divise la valorisation boursière par les bénéfices des entreprises, corrigé du cycle économique. Une étude menée par Michael Hartnett et Jared Woodard chez Bank of America Merrill Lynch, montre par ailleurs que la capitalisation boursière totale rapportée au PIB atteint également des sommets inquiétants :
[ Source : BofA Merrill Lynch ]
Cette exhubérance boursière, qui s'explique certainement en grande partie par la politique monétaire ultra-accommodante (taux d’intérêt très bas, quantitative easing) menée par la Fed, démontre que l'économie financière se déconnecte de plus en plus de l'économie réelle ! On ne peut donc que rappeler la justesse des propos du Général de Gaulle : "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille". Pourtant, les dirigeants politiques de toute obédience s'acharnent à vouloir rassurer les marchés financiers, tant ils en sont devenus volontairement dépendants en leur donnant les rênes du pouvoir économique !