Il ne s'agit pas d'un petit accessoire au design épuré chargé de porter de jolies boules de coton de couleur pour le démaquillage de madame, non, il s'agit d'un homme, plus exactement l'officier de la garde-robe qui présentait la serviette au Roi-Soleil pour qu'il puisse torcher ses augustes fesses. La serviette souillée était ensuite remise sur un plateau et l'officier - jamais un noble de rang élevé - s'éloignait dignement.
Le porte-coton de Louis XIV a été aboli à la Révolution puis rétabli par Louis XVIII et Charles X.
Depuis, le papier journal déchiqueté après avoir été lu dans les cabinets a remplacé la serviette et le malheureux officier. La modernité nous a apporté ensuite le papier de toilette dans un solide dérouleur en bois et les cabinets au fond du jardin ont disparu au profit de la confortable cuvette que nous connaissons, dans un lieu privé (et chauffé) où d'aucuns lisent toujours le journal mais ne le déchirent pas...
Désormais le papier de plus en plus absorbant et moelleux nous attend dans son dérouleur design comme une sorte de nostalgie inconsciente de la serviette du Roi-Soleil.
Et le porte-coton, me direz vous, est-il tombé en désuétude ? Pas exactement. Le porte-coton moderne sert quotidiennement aux médecins, il s'agit d'une tige métallique élastique sur laquelle on enroule du coton pour mieux atteindre une plaie, ou retirer des sécrétions dans les cavités naturelles, oreilles ou vagins par exemple.
Ah, j'oubliais ! Un porte-coton, par extension, est un homme méprisable, prêt à toutes les basses besognes. Dans le même ordre, certains militants sont prêts à servir de serpillière aux dirigeants politiques dans l'espoir de progresser dans la Carrière. Le Roi-Soleil connaît de nombreux héritiers, et la cour républicaine ne manque pas de porte-coton. Le mot est invariable, mais l'espèce est multiple.