Enseignante au département d’Histoire de l’art de l’université Concordia à Montréal, Anna Waclawek a publié en 2012 Street Art et Graffiti, aux éditions alternatives. Alors que les études approfondies de chercheurs spécialisés analysant réellement le phénomène de l’art urbain sont encore rares, a fortiori en France, cette ouvrage permet une bonne introduction au mouvement et à son évolution depuis ses débuts. Partant de writing nord-américain comme socle référentiel, l’auteure livre une étude intéressante sur l’évolution du courant. Même si l’approche sociologique, voire anthropologique, mêlée au mythe de l’ascension sociale digne du rêve américain sont légèrement trop prégnants dan les deux premiers chapitres, le traitement par le prisme culturel et le rapport de l’artiste à l’environnement urbain permet de dresser un panorama large des pratiques de rue ainsi que de leurs tenants. Ce livre constitue ainsi une belle introduction à l’histoire du street art en tant que pratique inscrite dans le champ culturel.
Johannes Stahl propose une généalogie de l’art urbain élargie. En effet, loin de se restreindre au writing nord-américain comme référent historique, l’auteur initie une véritable étude sémantique du terme même de « graffiti ». Cela lui permet de mettre en avant un intérêt préexistant de personnalités et d’artistes dès la deuxième partie du XXe siècle et surtout dès les années 1930. En effet, le point de vue élargi de Johannes Stahl permet d’induire une poétique des signes de la rue portée par l’artiste Braissaï via ses multiples photographies et écrits dans les revues surréalistes de l’époque. En découle naturellement une vision de l’art urbain au sens anglo-saxon d’ « urban art » dont les interventions d’artistes tels que Matta-Clark, Ernest Pignon-Ernest ou Buren sont inscrits dans le champ défini.